British Petroleum, entreprise qui exploite la plateforme de forage qui a explosé dans le golfe du Mexique la semaine dernière et qui a causé une immense marée noire au large de la Louisiane, de la Floride et de l'Alabama détient un permis de prospection dans la mer de Beaufort, dans le Nord canadien, et veut y entreprendre des activités de forage en utilisant la même méthode de forage que celle qu'elle emploie aux États-Unis.

Cette méthode - qui consiste à forer un seul puits dans le cadre des activités d'exploration et à ne pas forer de puits de secours comme c'était le cas auparavant - complique aujourd'hui grandement les opérations des autorités américaines visant à colmater la fuite de pétrole de la plateforme Deepwater Horizon.

 

British Petroleum et la société Transocean, propriétaire de la plateforme, tentent maintenant de mettre fin à la fuite en creusant un puits de secours dans le golfe du Mexique, ce qui pourrait prendre plusieurs semaines.

Or, British Petroleum et d'autres sociétés pétrolières intéressées aux gisements que contiendrait la mer de Beaufort font pression depuis quelques mois sur l'Office national de l'énergie du Canada (ONEC) pour se soustraire de l'obligation de forer ce fameux puits de secours dans le Nord canadien.

Ces sociétés pétrolières affirment qu'il existe aujourd'hui de nouvelles technologies fiables qui rendent l'exploration assez sûre sans avoir à forer un puits de secours durant la même saison.

Mercredi, l'ONEC a envoyé une lettre à ces entreprises exigeant des explications pour justifier leur demande d'exemption à la lumière de la catastrophe écologique qui frappe les États-Unis.

Aux Communes, hier, le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, a soutenu que le Canada a adopté «les politiques de forage en mer les plus robustes du monde» et qu'il n'y a pas encore de permis pour forer des puits exploratoires dans la mer profonde de Beaufort. Il a aussi souligné que l'ONEC est en train de revoir ses politiques touchant les forages de puits. «Elle portera évidemment une attention particulière à ce qui se passe», a-t-il dit.

Mais le député néo-démocrate de la région, Dennis Bevington, est loin d'être rassuré. Il a aussi affirmé que le gouvernement n'a pas encore mis au point un plan d'urgence pour s'attaquer à un éventuel désastre écologique dans les eaux de l'Arctique.

«Il y a un autre problème. Il n'existe actuellement aucune technologie pour nettoyer une fuite de pétrole dans les eaux de l'Arctique, qui contiennent 30% de glace. Ça n'existe pas. Le gouvernement fédéral doit exiger des entreprises qu'elles présentent un plan de nettoyage avant de donner le feu vert à leurs activités de forage», a dit M. Bevington, député de la circonscription de Western Arctic.

Le député libéral David McGuinty a affirmé que le gouvernement canadien doit tirer des leçons de la grave catastrophe écologique aux États-Unis.

«Nous devons revoir les normes qui s'appliquent à ce genre d'exploitation du pétrole et du gaz naturel. Les risques sont tellement élevés, comme on peut le voir en ce moment. Comment peut-on mettre un coût sur les dommages que l'on constate en ce moment aux États-Unis? C'est impossible», a-t-il dit.