Le patron de l'agence de sécurité BCIA, Luigi Coretti, a sollicité son ami Tony Tomassi pour qu'il l'aide à obtenir un permis de port d'arme à feu, a appris La Presse. Luigi Coretti a même rencontré le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, à ce sujet.

M. Coretti a fait ces démarches il y a environ deux ans, avant que M. Tomassi, député libéral de LaFontaine, devienne ministre de la Famille. Les deux hommes sont de bons amis.

 

L'agence BCIA, qui vient de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite, a lancé la filiale Centurion en juin 2008. Centurion fait notamment du transport de valeurs dans des camions blindés. Les agents qui y sont affectés ont tous un permis de port d'arme, comme le prévoit la réglementation.

Dans ce contexte, Luigi Coretti a demandé un permis pour lui-même à la Sûreté du Québec (SQ). La SQ a d'abord refusé, selon nos sources, au motif que Luigi Coretti était affecté à des tâches administratives et non au transport de valeurs à proprement parler. Luigi Coretti a rétorqué qu'il faisait du transport de valeurs à l'occasion et qu'il devait, pour des raisons de flexibilité, avoir un tel permis.

Au Canada, la Loi sur les armes à feu n'autorise le port d'arme à feu que pour la chasse et pour le transport de valeurs. Dans ce dernier cas, il doit s'agir de l'activité principale du demandeur, comme l'indique le formulaire CAFC 680 de la GRC. Il est également possible, dans des circonstances très rares, qu'un citoyen ait temporairement le droit de porter une arme à feu «pour la protection de sa vie».

Incapable d'avoir son permis, Luigi Coretti a alors demandé à Tony Tomassi de l'aider à rencontrer le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, qui est responsable de la SQ. Hier, le ministre Dupuis a reconnu avoir eu une rencontre avec Luigi Coretti.

«J'ai rencontré M. Coretti à mon bureau de circonscription, a-t-il dit. Il m'a fait part de sa demande, qui avait été refusée. Je lui ai dit que je ne pouvais pas intervenir. Il insistait pour me raconter son affaire. Je lui ai fait rencontrer mon chef de cabinet, Jocelyn Turcotte. M. Turcotte l'a rencontré. Je lui ai indiqué qu'il devait écouter ce qu'il avait à dire et ne faire aucune pression.»

À force de démarches auprès de la SQ, Luigi Coretti a finalement obtenu l'autorisation de porter une arme à feu. Le permis est temporaire et renouvelable, selon nos sources. «Quant à nous, a déclaré M. Dupuis, il n'y a eu aucune représentation (auprès de la SQ), et j'ai indiqué qu'il ne devait pas y en avoir.»

Cette semaine, d'ex-employés de BCIA nous ont dit que Luigi Coretti portait régulièrement une arme à feu, pas seulement dans le contexte du transport de valeurs. Hier, il a été impossible de parler à Luigi Coretti ni à Tony Tomassi, qu'on tente de joindre depuis deux jours.

Contrairement à l'agence BCIA, la filiale Transport de valeurs Centurion ne s'est pas protégée de la faillite. L'entreprise est présidée par Luigi Coretti.

- Avec la collaboration de Denis Lessard