L'Association canadienne des dépanneurs en alimentation (ACDA) lance une campagne publicitaire visant à réduire à 10% la part du tabac de contrebande sur le marché.

«Présentement, la contrebande représente 40% du marché du tabac au Québec et atteint même les 50% en Ontario», explique le vice-président de l'ACDA, Michel Gadbois.

 

Selon cet ancien relationniste de l'industrie du tabac, on estime à 10% de part de marché le degré tolérable de contrebande.

«À ce niveau, les criminels qui alimentent la contrebande n'auraient pas de moyens suffisants pour entretenir leurs réseaux» et réellement empiéter sur le marché légal.

«Nous avons constaté depuis trois ans qu'un dépanneur ferme chaque jour, conséquence directe de la contrebande et de la hausse des taxes. Si le gouvernement ne fait rien, la situation va devenir critique.»

La communauté des 1000 dépanneurs chinois de Montréal témoigne de cette évolution. «Mes clients n'achètent plus mes cigarettes alors qu'ils continuent de fumer», a indiqué Guo Jun, de l'épicerie Ball.

Xavier Shi, qui tient une tabagie rue Jean-Talon, affirme: «Si on demande à nos clients, ils nous disent qu'ils les achètent ailleurs et que les cigarettes de contrebande sont moins chères. Ils se les font même livrer à domicile!»

Réduction des taxes proposées

L'ACDA, qui juge que le gouvernement est bien lent à réagir, propose des solutions, dont la diminution des taxes sur le tabac. «Réduire les taxes permettrait de casser la concurrence avec les contrebandiers et de reprendre le marché légal.»

François Damphousse, de l'Association pour les droits des non-fumeurs, n'est pas d'accord: «Une baisse des taxes n'est pas logique au plan de la santé publique. Les allégations de l'ACDA sur la situation actuelle sont à tempérer. Philip Morris a noté une hausse de 10,4% des ventes légales au Canada durant le premier trimestre 2010. L'entreprise l'attribue au renforcement des mesures gouvernementales contre la vente illégale et au meilleur contrôle des frontières.»

Flory Doucas, codirectrice de la coalition québécoise pour le contrôle du tabac, propose quant à elle d'appliquer une taxe sur le tabac des Premières Nations pour enrayer la contrebande.