À un peu plus d'un mois du G20, le centre-ville de Toronto ne donne pas l'impression d'être bientôt l'hôte de ce qui pourrait être l'événement le plus important de l'histoire canadienne au chapitre de la sécurité.

À quelques intersections, des caméras de surveillance ont été installées. Des pancartes donnent un numéro de téléphone pour ceux qui voudraient savoir pourquoi.

Mais autrement, rien. Ou à peu près. Et pourtant: dans les coulisses, on s'active. «Un G8, un G20 en un seul week-end... C'est phénoménal à organiser», explique Catherine Gagnaire, porte-parole du Bureau de la gestion des sommets, créé par le gouvernement fédéral pour l'occasion.

La police ne le confirme pas, mais les sommets du G8 et du G20 pourraient attirer plus de 10 000 agents, 4000 de plus qu'aux Jeux olympiques de Vancouver, selon des chiffres avancés par le Globe and Mail. Près de 6000 d'entre eux seraient en fonction à Toronto. À cela s'ajouteraient les effectifs fournis par les firmes de sécurité, la Défense et les services de renseignement.

Un rapport remis récemment au conseil municipal de Toronto évoque une «première» au Canada pour les ressources déployées. «C'est certain que c'est un des plus importants déploiements de l'histoire canadienne», reconnaît le sergent Léo Monbourquette, porte-parole du Groupe intégré de la sécurité, qui réunit plusieurs corps policiers pour les sommets.

Peu d'information

Des zones plus ou moins restreintes et des clôtures seront érigées autour du Palais des congrès, l'édifice à l'ombre de la tour du CN où les chefs d'État et leurs délégations se réuniront.

Les organisateurs ont déjà averti les commerçants et résidants du quartier qu'ils pourraient devoir se procurer des cartes d'identité spéciales pour pouvoir circuler plus rapidement.

Mais cette semaine, plusieurs se demandaient encore quel impact le sommet aurait sur leur quotidien.

«On ne nous a pas dit grand-chose sur ce qui va arriver, si nous resterons ouverts ou fermés, si nous aurons besoin d'un laissez-passer... Nous n'avons eu aucune information encore», explique une commerçante, Sabrina Goodman.

Il y a quelques jours, les Torontois ont eu un avant-goût de ce qui les attend: leur club de baseball, les Blue Jays, a décidé de déplacer à Philadelphie sa série de trois matchs contre les Phillies. Ces rencontres devaient ramener à Toronto Roy Halliday, ancien lanceur étoile des Blue Jays, pour la première fois depuis qu'il a été échangé, l'an dernier.

«Avec les ventes de billets qui sont en baisse cette année, ça aurait été une bonne occasion de remplir le stade. J'étais un peu déçu», a lancé Jacob Martin, jeune partisan croisé dans la rue.

Puis, cette semaine, un autre rappel des risques posés par l'accueil d'un G20 est venu d'Ottawa, où des anarchistes ont revendiqué un attentat à la bombe qui a détruit une succursale de la Banque royale.

Défis similaires

Les policiers se disent prêts à faire face à toute éventualité. À Toronto comme à Huntsville, ils ont désigné deux lieux réservés aux manifestations. Or, celui de Huntsville est au beau milieu d'un champ, à 7,5 km du Deerhurst Resort, où se tient le G8. Celui de Toronto est à plus de 20 pâtés de maisons au nord du Palais des congrès.

Déjà, des militants ont annoncé leur intention de manifester où bon leur semblera. «Nous avons certains droits au Canada et nous pouvons manifester là où nous avons besoin de le faire», a déclaré Leslie Woods, porte-parole du Toronto Community Mobilization Network, un mouvement de plusieurs groupes communautaires créé en vue du G20.

Depuis l'annonce de la tenue du G20 à Toronto, l'attention s'est tournée vers la plus grande ville canadienne. Les médias locaux suivent l'affaire de près. Même le Globe and Mail a créé un blogue qui traite «des dérangements et du drame que vivra Toronto d'ici au G20».

Mais pour les policiers, les risques sont partout et l'aspect «grande ville» de la métropole canadienne ne nuit pas aux préparatifs autant qu'on pourrait le croire. «Malgré le fait que le G8 est dans une zone rurale et que le G20 est plutôt en zone urbaine, les défis sont très similaires», a souligné le sergent Monbourquette.

«Premièrement, on travaille très fort afin de limiter l'impact des mesures», a-t-il souligné.