Le bas niveau du fleuve Saint-Laurent inquiète déjà, avant même que s'entame la période estivale.

Le groupe écologique Eau Secours considère que deux raisons viennent expliquer la faible crue de la voie navigeable: un printemps hâtif et l'influence des changements climatiques.

Bien qu'elle déplore cette situation, Martine Chatelain, présidente de l'organisme, avoue que peu de choses peuvent être faites pour corriger le tir. L'état du fleuve n'étant pas lié à des actions humaines, les actes d'interventions sont limités. Elle résume donc l'espoir à une chose: «de la pluie».

Seul le Conseil international de contrôle du fleuve Saint-Laurent peut ajuster le débit du fleuve. Il procède généralement lorsque les conditions en aval influent sur les besoins de navigation ou encore sur la production d'électricité.

Cet organisme, pour le moment, se contente de suivre les baisses dites naturelles. Pour tenter de limiter les impacts du bas niveau de l'eau, il reste alors une autre option.

«Ce qui peut aider à cette étape-ci, c'est d'abaisser le tonnage que les navires peuvent transporter. En bout ligne, ce sont eux qui peuvent râcler le fond, brasser les sédiments et faire remonter la pollution qui se trouve au fond», a indiqué Martine Chatelain.

Elle a affirmé que les ports ont déjà commencé à limiter le poids des navires, ce qui incommode nombre de transporteurs. Cette solution n'est pourtant pas une panacée. Certes, elle limite les dégâts sur le lit du fleuve, mais génère davantage de gaz à effet de serre, puisque les marchandises qui n'empruntent pas le fleuve voyagent alors par camion et se déplacent sur les routes.

«Dans les années à venir, il faudrait essayer de prévoir ce type de situation et d'agir en conséquence», a recommandé la présidente d'Eau secours. Elle suggère de rationner l'eau et d'établir des priorités selon les besoins jugés essentiels.

Quant aux demandes à soumettre à l'État, Martine Chatelain n'opte pas pour cette alternative. «En pareille circonstance, il n'y a pas grand chose à exiger des gouvernements. Malheureusement, ils ne sont pas encore capables de faire pleuvoir», a-t-elle lâché.

En attendant, plusieurs municipalités ont émis des restrictions d'arrosage. C'est le cas de Blainville, Boisbriand, Mirabel et Sainte-Thérèse, où la rivière des Mille-Îles a atteint son plus bas niveau depuis les 40 dernières années.

De nombreuses villes des couronnes nord et sud de Montréal et dans la région de la Montérégie et de Lanaudière ont aussi adopté des mesures similaires.