Alors que le gouvernement fédéral refuse d'en faire une priorité, les Canadiens estiment que le réchauffement climatique est l'enjeu le plus important à l'ordre du jour des sommets du G8 et du G20 qui auront lieu en Ontario au mois de juin.

C'est du moins ce qui ressort du dernier sondage Nanos, publié aujourd'hui dans le magazine Options politiques.

Invités à établir l'ordre des priorités pour les rencontres des leaders internationaux, un tiers des répondants (33,7%) ont mis tout en haut de la liste les changements climatiques, contre 27,3% qui estiment que l'enjeu de la reprise économique est le plus important. Les droits de la personne, la liberté et la démocratie arrivent au troisième rang (14,3%), devant la santé maternelle et infantile dans les pays en développement (10,9%), le libre-échange et l'ouverture des marchés (6,1%) et la sécurité nucléaire (4,6%).

Or, le gouvernement conservateur de Stephen Harper a rejeté les demandes répétées, au cours des derniers mois, de faire des changements climatiques une priorité des sommets dont le Canada sera l'hôte le mois prochain. Même un appel lancé à cet égard par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de passage à Ottawa à la mi-mai, n'aura pas réussi à faire bouger le premier ministre sur cette question.

Pour Ottawa, c'est l'économie qui est la priorité de ces rencontres internationales.

«Ce qu'on constate, c'est qu'il y a un écart entre ce que les Canadiens considèrent comme important et ce à quoi les leaders mondiaux donnent la priorité actuellement», soutient Nik Nanos, président de la firme de sondage qui a joint 1003 répondants du 30 avril au 3 mai dernier.

«Les Canadiens trouvent que l'enjeu de l'économie est important, mais que celui des changements climatiques l'est encore plus», ajoute M. Nanos.

Particulièrement au Québec

Au Québec, la proportion des répondants qui croient que l'environnement devrait être mis au premier plan des sommets du G8 et du G20 est encore plus grande : 46,2% jugent que cela devrait être la priorité.

«Les Québécois ont depuis longtemps accordé davantage d'importance à cet enjeu, explique Nik Nanos. Je pense que les Québécois, déçus du bilan du gouvernement canadien dans la lutte contre les changements climatiques, espèrent que les forums internationaux pourront faire avancer le dossier.»

Sur les six priorités suggérées aux répondants du sondage, le réchauffement climatique est aussi l'enjeu sur lequel les Canadiens estiment que le gouvernement fédéral a le moins bien réussi sur la scène internationale.

Alors que le gouvernement a, dès le mois de janvier, indiqué que la santé maternelle et infantile dans les pays en développement serait une des priorités à l'ordre du jour de la rencontre du G8, l'enjeu n'obtient pas autant d'écho dans la population, qui place cette question au quatrième rang sur six.

«Les gens sont en faveur de l'amélioration de la santé maternelle et infantile, mais ça ne les inquiète pas autant que les changements climatiques ou la reprise économique. Ce n'est pas autant une priorité pour eux», soutient le président de la firme Nanos.

Quant à la sécurité nucléaire, le sondeur estime que l'absence de menace apparente, actuellement, relègue cet enjeu au dernier rang dans les priorités des Canadiens pour les sommets du G8 et du G20.