Les touristes américains qui viennent au Canada n'apportent pas que leurs dollars. Plusieurs d'entre eux tentent de franchir la frontière munis de leurs armes à feu.

En fait, la majorité des armes à feu saisies par les douaniers canadiens appartiennent à des voyageurs américains qui ont «négligé de manière intentionnelle ou non» de les déclarer aux autorités canadiennes, révèlent des documents que La Presse a obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Un rapport produit en septembre 2009 par l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) précise que les douaniers ont saisi 2777 armes de toutes sortes entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2008.

Dans 83% des cas, les armes appartenaient à des Américains. Seulement 1% appartenaient à des Canadiens.

«La majorité des armes à feu saisies par l'ASFC aux portes d'entrées terrestres sont les armes personnelles de voyageurs américains légitimes qui négligent, sciemment ou non, de les déclarer», peut-on lire dans ce rapport d'une quarantaine de pages.

«Bien qu'il existe un risque que ces armes tombent entre les mains de criminels qui commettent des vols, l'ASFC met plus d'efforts à contrer le problème de trafic illégal d'armes, notamment lorsqu'il s'agit d'armes importées illégalement au pays par le crime organisé ou par d'autres individus au profit du crime organisé», ajoute le rapport.

Près de 72% des armes saisies sont des armes de poing et 27% des fusils de chasse ou des fusils d'épaule. Le tiers des armes saisies (880) entre 2004 et 2008 l'ont été aux postes frontaliers de la Colombie-Britannique. Seulement 7% des armes (195) ont étés saisies à des postes frontaliers du Québec.

Davantage de saisies pendant l'été

Le rapport note que les saisies d'armes fluctuent selon les saisons. Il y en a plus pendant l'été, au plus fort de la saison touristique. Les autorités canadiennes s'attendent d'ailleurs à ce que cette tendance se maintienne.

Pourtant, sur les sites internet du département d'État américain et de l'ambassade des États-Unis au Canada, on avise les voyageurs américains qu'il est interdit de transporter des armes à feu au Canada sans obtenir au préalable un permis des autorités canadiennes.

«Les Américains doivent être au courant qu'il existe des lois strictes sur les armes à feu au Canada. (...) Les armes qui ne sont pas déclarées seront confisquées. (...) Il y a souvent des installations près d'un poste frontalier où l'on peut entreposer des armes jusqu'à son retour aux États-Unis, mais cela devrait être fait avant de tenter d'entrer au Canada», peut-on lire sur le site de l'ambassade américaine.

Au ministère de la Sécurité publique, Chris McCluskey, porte-parole du ministre Vic Toews, a affirmé que tous doivent respecter les lois canadiennes en matière d'armes à feu. «Notre gouvernement tient à faciliter la libre circulation à notre frontière commune et à encourager les investissements dans nos économies. Toutefois, tous les voyageurs qui entrent au Canada doivent se plier à toutes les lois concernant le contrôle des armes à feu», a-t-il dit.

Fait intéressant, les douaniers qui ont saisi les armes n'étaient eux-mêmes pas armés. Le gouvernement Harper a annoncé en 2006 son intention d'armer les 4800 douaniers au plus tard en mars 2016. Le coût cette opération, achat des armes et formation compris, était évalué à l'époque à 780 millions de dollars.

Au 31 juillet 2008, seulement 480 agents avaient reçu leur arme, un Beretta P4X Storm, et la formation requise. Près du tiers des agents seraient maintenant armés.

- Avec William Leclerc