Une commission d'enquête sur la mort de Robert Dziekanski à l'aéroport de Vancouver, en 2007, en vient à la conclusion que l'utilisation du pistolet à impulsion électrique Taser par des agents de la GRC était injustifiée.

Le gouvernement de la Colombie-Britannique a immédiatement réagi en annonçant vendredi son intention de nommer un procureur spécial pour déterminer si des accusations devraient être portées contre les policiers impliqués.

Les procureurs de la Colombie-Britannique avaient déjà blanchi les agents de la GRC, estimant qu'ils avaient agi «raisonnablement».

Cependant, le président de la commission d'enquête, Thomas Braidwood, estime que les policiers ne pouvaient raisonnablement croire que Dziekanski représentait une menace lorsqu'il s'est emparé d'une agrafeuse au cours d'une confrontation à l'aéroport.

Selon le commissaire, l'explication des agents pour justifier l'usage de la force n'est pas crédible.

«Cette histoire tragique est, à la base, celle du comportement honteux de quelques policiers, a-t-il dit. Les tentatives des constables (Gerry) Rundel et (Bill) Bentley, pendant leur témoignage, de clarifier les déclarations faites aux enquêteurs étaient clairement des rationalisations tardives.

«Ils ont abordé cette situation comme une bagarre dans une taverne et n'ont pas su s'adapter quand ils ont constaté qu'ils avaient affaire à un voyageur clairement désemparé», a-t-il ajouté.

M. Braidwood a par ailleurs reconnu que le décès de M. Dziekanski avait «galvanisé l'antipathie du public envers les agents de la GRC». Il s'en est dit désolé puisque, soutient-il, «le support de la population est l'arme la plus importante de l'arsenal des policiers».

Il s'est ensuite adressé directement à la mère de M. Dziekanski, Zofia Cisowski.

«Je peux simplement vous dire que j'espère que mes conclusions et recommandations vous donneront un peu de réconfort (...) à la lumière de ce que vous avez traversé», lui a-t-il dit.

Mme Cisowski a remercié le commissaire. Elle lui a confirmé que le rapport l'avait effectivement soulagée. Aux journalistes, elle a dit: «je ne peux tout simplement pas parler aujourd'hui».

De son côté, le commissaire de la GRC, William Elliott, a reconnu les torts de son organisation. «Il est clair que nos politiques et que la formation donnée à cette époque étaient inadéquates, a-t-il concédé. Nos agents n'ont pas tenté de désamorcer la situation et n'ont pas pris les mesures nécessaires pour s'occuper convenablement de M. Dziekanski.»

À la lumière de toutes ces informations, le procureur général de la Colombie-Britannique, Mike de Jong, estime que le dossier doit maintenant être revu.

«Selon moi, il n'est pas seulement justifié de reconsidérer cette décision (de blanchir les agents). Il est essentiel de le faire», a affirmé M. de Jong aux journalistes. Le procureur spécial qui sera nommé «décidera si des éléments de preuve additionnels justifient une révision de la décision antérieure concernant des poursuites criminelles», a-t-il ajouté.

M. de Jong a par ailleurs indiqué que la province accepte les huit recommandations du rapport. La Colombie-Britannique créera, d'ici un an, un organisme indépendant pour enquêter sur les interventions policières en qui surviennent dans les cas graves.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews, ne s'est pas encore engagé à adopter ces recommandations. Par voie de communiqué, il a salué la publication de ce rapport, tout en assurant que son gouvernement prendrait le temps nécessaire pour l'étudier minutieusement avant de le commenter.

Robert Dziekanski arrivait de Pologne, en octobre 2007, pour rejoindre sa mère en Colombie-Britannique. Il est devenu très agité à l'aéroport de Vancouver après plusieurs heures d'attente pour les contrôles douaniers.

L'année passée, la mère de Robert Dziekanski avait intenté une poursuite en justice, entre autres contre la GRC. Elle alléguait que le décès de son fils constituait un acte illégal, ayant été causé par autrui. L'action en justice a été réglée en avril dernier. Mme Cisowski a reçu des excuses publiques et un montant d'argent non dévoilé.