Taxé d'être un souverainiste lorsque sa femme Michaëlle Jean a été nommée gouverneure générale du Canada, Jean-Daniel Lafond a récemment accordé une entrevue sans équivoque où il affirme son appartenance au Canada et son malaise avec le nationalisme québécois.

Dans un entretien récemment publié dans le magazine hebdomadaire français L'Express sur son parcours d'immigrant, M. Lafond affirme que les mots «Québec» et «Canada français» l'agacent un peu car la force du mot Canada est plus grande que celle du mot Québec.

Il ajoute qu'il ne s'est jamais senti à l'aise avec le nationalisme québécois.

Appelé à préciser ses propos, il explique que selon lui, l'affirmation de soi ne passe pas par la rupture, ajoutant avoir l'avantage d'appartenir à un territoire pancanadien qui tient debout parce qu'il a une couleur particulière avec ses deux langues enchâssées dans sa Constitution.

Qualifiant le séparatisme d'«aberration géopolitique», il explique plutôt que dès son arrivée au pays, il a cru profondément que le vrai combat était celui mené pour que la réalité culturelle du Québec soit respectée.

Disant d'une part avoir constaté la vitalité de la Francophonie au Canada lors de ses déplacements avec son épouse, il note aussi avoir observé la déperdition de l'enseignement de la langue française au Québec, jugeant par ailleurs bon de souligner que ce n'est pas le gouvernement fédéral qui a organisé cette dégradation.

L'entretien portant le titre «Un désir d'Amérique» est publié dans le cahier «emploi» de L'Express, où l'on retrouve une section bien en vue intitulée «S'installer au Canada» sur fonds de drapeau canadien.

Le bandeau rouge et blanc inclut plusieurs sections dont «Le Québec, bien sûr!» et «L'autre Canada, pourquoi pas!». On y trouve aussi plusieurs articles sur les immigrants, comme celui sur M. Lafond, qui est né et a grandi en France.

La nomination de Mme Jean au poste de gouverneure générale avait été dénoncée notamment parce que son époux avait réalisé un documentaire où l'on voyait le couple porter un toast à l'indépendance du Québec.

Devant se défendre d'être une séparatiste alors qu'elle acceptait un poste qui vise entre autres à promouvoir l'«unité canadienne», Mme Jean avait alors émis un communiqué où elle indiquait qu'elle et son mari n'avaient jamais adhéré à un parti politique ni à l'idéologie souverainiste.