L'étude annuelle qui permet de suivre par exemple la popularité des VUS est publiée pour la dernière fois cette année. Statistique Canada est forcé d'y mettre fin, faute de financement de la part des ministères fédéraux des Transports et des Ressources naturelles.

C'est par une discrète note de bas de page que le gouvernement conservateur a annoncé la fin de l'Enquête sur les véhicules au Canada (EVC).

Pourtant, c'est «la principale source de renseignements sur l'utilisation des véhicules sur route pour les chercheurs et les membres du public intéressés par ces questions», comme le dit l'introduction de la dernière enquête, publiée cette semaine.

«Cette étude est la seule source qui permet de suivre les tendances de déplacement selon le type de véhicule, dit Réjean Doiron, de Statistique Canada. Transports Canada et Ressources naturelles ont décidé d'explorer d'autres méthodes pour faire la collecte de données. L'enquête avait commencé à la fin des années 90.»

«La gamme d'utilisateurs était immense, dit M. Doiron. Le grand échantillon permettait de faire des analyses plus précises dans des villes et des régions.»

La nouvelle tombe alors que la controverse fait toujours rage autour d'une autre décision du gouvernement, celle de ne plus rendre obligatoire la participation au formulaire long du recensement, source importante de statistiques sur la société canadienne et québécoise.

Nouvelle enquête

«Il va y avoir une nouvelle enquête. On ne sait pas si on va y participer ni comment elle va être faite, mais le cadre de collecte de données sera plus moderne», a indiqué un porte-parole de Transports Canada.

L'étude était réalisée par l'envoi de carnets de bord à plus de 25 000 personnes qui acceptaient de participer. Sa mise au rancart en a étonné plusieurs.

«Il y a des données qui sont très utilisées dans l'industrie, dit Philippe Saint-Pierre, responsable des communications au CAA-Québec. On y trouve le nombre de kilomètres parcourus, l'âge des véhicules, etc. On s'en sert notamment pour notre guide sur le coût d'utilisation des véhicules. On se demande pourquoi y mettre fin. C'est un peu désolant de perdre une source d'information objective.»

Dans l'introduction de la dernière édition, on explique que, avant, «aucune mesure du total de véhicules-kilomètres ou de passagers-kilomètres n'était disponible» et que l'EVC «fut élaborée, à la demande de Transports Canada, afin de combler cette lacune statistique».

L'enquête donnait une estimation des kilomètres parcourus par véhicule, répartie par type de véhicule et d'autres caractéristiques, comme l'âge et le sexe du conducteur, la période de la journée et la saison.

Pour 2009, Statistique Canada constate que «les Canadiens ont plus conduit comparativement à l'année précédente». Les véhicules ont parcouru 333,3 milliards de kilomètres, une augmentation de 2,4% par rapport à 2008.

En outre, le nombre de véhicules sur la route a augmenté de 1,7% comparativement à 2008. Et en moyenne, chaque personne a roulé 16 249km pendant l'année, soit 0,6% de plus que l'année précédente

André Bélisle, de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), croit qu'on perd un outil de lutte contre la pollution.

«C'était bien utile, notamment pour connaître la consommation d'énergie des véhicules, pour planifier les déplacements et l'aménagement du territoire, dit-il. C'est un élément dans la lutte contre le smog et les gaz à effet de serre. C'est un outil de plus qui disparaît, et ça montre que le Canada tourne le dos à ses responsabilités en matière d'environnement depuis qu'on a élu les conservateurs.»