Près de deux Québécois sur cinq (38%) veulent rouvrir le débat sur l'avortement, selon un nouveau sondage Angus-Reid.



C'est la plus forte proportion au pays; l'Alberta arrive deuxième avec 33% de citoyens désireux de rouvrir le débat.

La moitié des Québécois (49%) reste néanmoins contre la réouverture du débat, mais il s'agit de la plus faible opposition au pays, à égalité avec l'Alberta.

Dans l'ensemble, 55% des Canadiens estiment qu'il «n'y a pas de raison de rouvrir le débat (...) pour le moment». Ils sont 30% à penser le contraire, et 15% sont incertains.

Pourquoi mener un tel sondage maintenant? «Chaque semaine, nous nous réunissons pour trouver les sujets d'actualité sur lesquels il serait intéressant de connaître l'opinion des Canadiens. C'en était un. Et si jamais des lois en la matière sont proposées, on connaîtra l'opinion de la population», explique Jaideep Mukerji, vice-président des affaires publiques d'Angus Reid.

Ces différences doivent toutefois être interprétées avec prudence. Le sondage a été mené sur internet auprès d'un échantillon représentatif de 1022 Canadiens. La marge d'erreur est de plus ou moins trois points de pourcentage 19 fois sur 20. La marge d'erreur augmente pour les comparaisons entre les provinces. Pour les données du Québec, la marge d'erreur est par exemple de 5,9 points, et de 9,6% pour l'Alberta.

Méconnaissance

Le sondage démontre aussi que les Canadiens méconnaissent les questions législatives liées à l'avortement. Par exemple, dans l'arrêt Morgentaler, en 1988, la Cour suprême avait invalidé les restrictions à l'avortement. Or, plus de deux Canadiens sur cinq (41%) croient à tort que l'avortement n'est permis que durant les trois premiers mois de la grossesse.

Par ailleurs, les réponses varient selon la formulation de la question. Quand on demande si l'avortement «devrait être permis dans tous les cas», 41% des Canadiens répondent que oui. Dans une autre question, on proposait sept choix sur la réglementation. La réponse la plus populaire était le statu quo, avec 27%.

Près de deux Canadiens sur trois optent pour un des cadres législatifs proposés.

Le sondage montre aussi que l'opinion publique est divisée sur la question. Près de la moitié des Canadiens (48%) pense que l'avortement devrait être «légalisé dans toutes les circonstances», contre 42% en faveur de la légalisation «seulement dans certaines circonstances».

Sur cette question, le Québec est la province la plus progressiste : 54% des répondants se prononcent pour la légalité en toutes circonstances, alors que 37% croient que l'avortement ne devrait être légal qu'en certaines circonstances.

Qui doit payer pour l'avortement? C'est au Québec que l'appui au financement public est le plus grand. Une proportion de 49% des Québécois estiment que le système public devrait payer pour tous les avortements. Dans l'ensemble du Canada, l'appui baisse à 44%. C'est tout de même un peu plus que les 39% de Canadiens qui croient que l'État ne devrait payer les avortements que dans des situations médicales urgentes.