Après 15 mois d'attente et d'angoisse dans le monde médical, le réacteur nucléaire de Chalk River, en Ontario, a finalement recommencé à fabriquer des isotopes, mardi. La réparation, qui devait prendre un mois au moment de l'arrêt de production, en mai 2009, en aura finalement nécessité 15.

«Ç'a été une opération très complexe et exigeante, a souligné mardi Robin Forbes, responsable des communications à Énergie atomique du Canada limitée (EACL). Nous avons toujours travaillé dans l'objectif de remettre le réacteur en marche de façon sécuritaire le plus rapidement possible. On est contents d'annoncer qu'il fonctionne maintenant à haute puissance.»

Le réacteur ne fonctionnant pas encore à plein régime, il était impossible de prévoir, mardi, quel pourcentage de la production hebdomadaire habituelle d'isotopes pourra être fourni dans les prochains jours, a indiqué Mme Forbes, ajoutant toutefois qu'une cargaison serait livrée «avant la fin de la semaine» au client d'EACL, MDS Nordion, entreprise responsable de l'approvisionnement en isotopes des hôpitaux.

Les isotopes médicaux servent notamment aux diagnostics et traitements de certaines maladies et cancers; ils sont notamment utilisés pour les tests d'imagerie du cerveau, de la thyroïde, du coeur, des poumons et du foie.

Au moment de l'arrêt de production, le réacteur nucléaire de Chalk River produisait près de 40% de l'approvisionnement mondial en isotopes médicaux, ce qui a forcé les hôpitaux canadiens, mais aussi étrangers, à trouver des solutions de rechange parfois très coûteuses.

Pris au dépourvu par l'ampleur de la tâche à accomplir, EACL a reporté à cinq reprises la date prévue pour la remise en marche du réacteur nucléaire de Chalk River.

Un «beau gâchis», dit le Bloc

Pour la porte-parole du Bloc québécois en matière de ressources naturelles, Paule Brunelle, toute la crise aurait pu être évitée s'il y avait eu une meilleure planification de la part du gouvernement. «C'est un beau gâchis. Le réacteur est âgé de 53 ans, mais le gouvernement n'avait pas prévu qu'il pouvait lâcher, a-t-elle critiqué. Enfin, il recommence à produire des isotopes, mais on est encore loin de pouvoir combler la demande.»

Au coeur de la crise des isotopes, au printemps 2009, le premier ministre Stephen Harper avait annoncé que le Canada se retirerait de l'industrie de la production d'isotopes médicaux lorsque le réacteur de Chalk River aurait atteint la fin de sa vie utile, soulevant la colère de l'opposition et du milieu de la santé.