À moins d'un «revirement majeur», les quelque 146 000 travailleurs de la construction de la province déclencheront une grève générale illimitée le 30 août prochain. Un moyen de pression «totalement injustifié», selon les associations patronales.

À partir d'aujourd'hui, les syndiqués entreprendront «une série de moyens de pression qui les mènera à la grève générale», a annoncé mardi l'Alliance syndicale de la construction, qui représente cinq centrales syndicales.

En cas de grève générale, tous les chantiers du Québec pourraient être paralysés. La province en compte des dizaines de milliers, allant du simple complexe résidentiel au projet autoroutier. La dernière grève générale dans l'industrie de la construction remonte à 1993.

«Malgré l'intervention d'une équipe de médiateurs et de conciliateurs et après des concessions importantes de la part des travailleurs, c'est l'impasse aux tables de négociations», a déclaré mardi le porte-parole syndical, Donald Fortin, par voie de communiqué.

Les quatre conventions collectives des travailleurs de la construction sont échues depuis le 30 avril. Elles touchent les syndiqués des secteurs résidentiel, industriel et institutionnel-commercial, ainsi que du secteur génie civil et voirie.

«Pour chacun de ces secteurs, les enjeux sont de taille», peut-on lire dans le communiqué diffusé par l'Alliance syndicale, formée du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction, de la CSD Construction, de la CSN-Construction, du Syndicat québécois de la construction et de la FTQ-Construction.

Les écarts salariaux, la rémunération des heures supplémentaires et les primes associées à certains types d'emplois demeurent les principaux points de litige (voir autre texte) dans le renouvellement des conventions collectives, qui couvriront la période de 2010 à 2013.

Abusif, selon les patrons

Les associations d'employeurs ont déploré mardi le recours aux moyens de pression des syndiqués. À leurs yeux, les offres patronales sont «raisonnables» et «parfaitement justifiées» dans le contexte économique actuel.

«Nous avons déposé, il y a quelques mois, de nouvelles offres sur la table, supérieures à ce que l'État a consenti à ses employés», a déclaré Lyne Marcoux, négociatrice en chef pour l'ACQ, qui représente 15 000 entrepreneurs.

L'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ), qui regroupe les quelque 14 000 employeurs du secteur résidentiel, juge elle aussi son offre suffisante.

«Nous avons proposé une augmentation de plus de 9% en trois ans, ce qui est excellent», a dit Éric Cherbaka, directeur de la division membres et industrie de l'APCHQ.

M. Cherbaka croit qu'une grève générale pénaliserait tous les acteurs de l'industrie, y compris les syndiqués. Soulignons que, contrairement à d'autres syndiqués, les travailleurs de la construction n'ont pas de fonds de grève. Ils ne touchent donc aucun revenu pendant les conflits de travail.

L'APCHQ et l'ACQ entendent surveiller de près la nature des moyens de pression qui seront exercés à partir de demain. La grève générale est légale, mais le ralentissement des travaux est interdit, a souligné Mme Marcoux.

Mardi, les syndicats ont donné le mot d'ordre à leurs membres de commencer des grèves ciblées sur des chantiers. C'est notamment le cas dans un ensemble résidentiel de la rue des Roitelets, à Chicoutimi.

L'Alliance syndicale de la construction, qui n'a accordé aucune entrevue mardi, compte tenir un point de presse à Montréal aujourd'hui.

Le conciliateur a convoqué les deux parties à négocier demain matin à 9h30.