Même si les jours semblaient interminables à bord du MV Sun Sea, qui a accosté récemment en Colombie-Britannique, transportant 492 migrants sri-lankais, certaines passagères avaient le sentiment que leur long périple était porteur d'espoir.

La ration quotidienne d'un quart de litre d'eau par personne n'a jamais changé au fil des mois en mer. Un détail en apparence anodin, qui a toutefois donné l'espoir à plusieurs passagères que le voyage était bien organisé: le Sun Sea transportait suffisamment de vivres pour arriver à destination.

«Nous avons fait du thé avec de l'eau de pluie et avons pris notre bain avec de l'eau salée, a affirmé l'une des femmes, maintenant détenue à Burnaby. L'eau n'était pas propre. Nous avons beaucoup d'égratignures après nous être lavées à l'eau salée.»

Les femmes et les enfants étaient cantonnés dans les étages supérieurs du navire, et ils dormaient dans des tentes. Les hommes dormaient dans des hamacs aux étages inférieurs. Lorsque la météo était mauvaise, ce qui était souvent le cas, tout le monde devait se déplacer à l'intérieur, a indiqué la femme par la voix d'une interprète.

La plupart des passagers avaient le mal de mer.

Malgré leurs quartiers restreints, il n'y avait aucune bagarre entre les passagers. Tout le monde, raconte-t-elle, voulait arriver à bon port.

Les audiences se poursuivent

Dix jours après l'accostage du Sun Sea, des audiences se poursuivent pour déterminer si les passagers doivent rester en détention. Quarante-deux enfants et 25 femmes sont détenus au centre de Burnaby. Un mineur qui est arrivé sans ses parents a été placé sous la garde d'un migrant adulte.

Les migrants seront détenus pour une autre semaine, pendant que l'Agence canadienne des services frontaliers et la Commission de l'immigration et du statut de réfugié vérifient leur identité.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a indiqué que tous les migrants ont réclamé le statut de réfugié. Et il a affirmé que certains d'entre eux sont des terroristes et des passeurs d'immigrants illégaux.

Dans une lettre au Toronto Star, certaines femmes demandent à rester au Canada.

«Nous ne sommes pas des terroristes, écrivent-elles. Si vous croyez que nous sommes des terroristes, veuillez considérer ceci: les enfants, femmes enceintes et personnes âgées qui nous accompagnent peuvent-ils être des terroristes? Non.»

Dans un centre de détention, la femme raconte qu'elle vivait dans la prospérité dans sa terre natale. Jusqu'à ce qu'elle soit évincée de son village par l'armée sri-lankaise.

Ni les femmes ni leur village d'origine ne peuvent être identifiés en raison d'une ordonnance de non-publication imposée par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.

Certaines femmes racontent qu'elles ont dû laisser mourir des proches blessés, incapables de les soigner parce que l'armée pilonnait leur village.

«Nous ne pouvons écrire toute notre douleur et notre angoisse», indique la femme.

Un nouveau sondage Angus Reid Global Monitor révèle que 48% des Canadiens croient que les migrants tamouls arrivés le 13 avril doivent être déportés. Et ce, même si leurs demandes de statut de réfugié s'avèrent légitimes et qu'ils n'ont aucun lien avec des organisations terroristes.

Seulement 35% des répondants croient qu'il faut leur permettre de rester si leurs demandes s'avèrent légitimes.

Trois Canadiens sur cinq croient que le vaisseau aurait dû être refoulé. Et 70% croient que d'autres navires arriveront dans les prochains mois.

En octobre dernier, 76 migrants disant être des réfugiés tamouls sont arrivés en Colombie-Britannique à bord du Ocean Lady. Ils ont tous obtenu le droit de quitter leur centre de détention. La plupart d'entre eux se trouvent maintenant dans la région de Toronto, où ils attendent l'aboutissement de leur demande de statut de réfugié.

La Gendarmerie royale du Canada dit poursuivre son enquête sur de possibles passeurs d'immigrants illégaux. Une nouvelle enquête sur le Sun Sea est dans sa phase préliminaire.