La question de la politique arctique de la Russie suscite bon nombre de déclarations enflammées, mais le plan nordique de cet ancien adversaire est sensiblement le même que celui du Canada, indique une note interne préparée pour le ministre de la Défense, Peter McKay.

Le document, qui examine un énoncé de politique du Conseil de sécurité russe datant de 2008, dépeint un contraste frappant avec la longue litanie de plaintes du gouvernement conservateur par rapport aux coups de sonde de l'espace aérien canadien par des bombardiers à longue portée.

Deux avions militaires russes ont volé à seulement une trentaine de milles nautiques du territoire aérien canadien, mardi, avant de rebrousser chemin.

Selon le cabinet du premier ministre Stephen Harper, lorsque les deux appareils TU-95 Bear ont été repérés, ils étaient à environ 120 milles nautiques d'Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest.

Deux chasseurs canadiens CF-18 de la base de Cold Lake, en Alberta, se sont présentés dans le secteur et les deux avions de la Russie ont fait demi-tour. Quant aux pilotes des CF-18, ils n'ont été impliqués dans aucun incident et sont rentrés à leur base.

Le rapport sur la politique russe était muet sur ce genre d'incursions, mais les analystes canadiens de la défense ont conclu que, dans l'ensemble, les intentions russes «ne soulèvent pas d'inquiétudes d'un point de vue de la Défense canadienne». Les analystes ont souligné que ce que les Russes ont couché sur papier est remarquablement similaire à la propre stratégie nordique du Canada.

«Bien que certains médias aient dépeint cette politique comme étant agressive et enflammée, le propos du document est particulièrement modéré et précise le fait que les intérêts russes en Arctique sont en accord avec les lois internationales», détaille une note préparée pour M. McKay datée du 13 mai 2009.

L'analyse explique que le premier objectif de la Russie dans la région est le développement socio-économique, suivi de la sécurité militaire. Toujours selon cette note, les troupes russes additionnelles déployées dans le Grand-Nord seraient principalement des gardes frontières.

L'incident de mardi a immédiatement donné des munitions supplémentaires aux conservateurs pour promouvoir leur projet d'acquérir des chasseurs furtifs à la fine pointe de la technologie, au moment où un comité des Communes tenait une réunion pour décider de la date des audiences concernant cet achat de 16 milliards de dollars.

Lors de son séjour nordique, cette semaine, M. Harper a jusqu'ici évoqué à quelques reprises l'importance de préserver la souveraineté canadienne dans le Grand-Nord.