Après une autre enquête menée sur un accident d'avion, qui a cette fois coûté la vie à sept personnes, le Bureau de la sécurité des transports du Canada émet une mise en garde générale au sujet des vols réalisés dans des conditions de faible visibilité.

Dans son rapport, le Bureau de la sécurité des transports évoque également la «compétition féroce» entre les transporteurs et déplore le fait que certains clients insistent pour se rendre à destination, même quand le temps est incertain.

Cette fois, c'est un accident d'avion amphibie qui avait coûté la vie au pilote et à six passagers sur l'île Thormanby, en Colombie-Britannique, en novembre 2008. L'avion amphibie avait décollé de l'hydroaérodrome de l'aéroport de Vancouver à destination de Powell River, en Colombie-Britannique, et 19 minutes plus tard l'avion s'était écrasé «dans un épais brouillard».

Le Bureau de la sécurité des transports conclut qu'au moment du vol, «le pilote a probablement décollé dans des conditions météorologiques inférieures aux minimums des règles de vol à vue» et a poursuivi son vol dans ces conditions.

«Ce n'est que quelques secondes avant l'impact de l'avion sur l'île Thormanby qu'il s'est rendu compte de la proximité du relief», écrit le BST.

Il estime que ces vols effectués dans des conditions de faible visibilité «font beaucoup trop de victimes au Canada». «Voler par mauvais temps, c'est mettre des vies en péril», rappelle-t-il dans son rapport.

Pressions et concurrence

Bien qu'il ne l'établisse pas comme cause ou facteur contributif, le BST évoque dans son rapport le fait que les clients qui insistent pour que leur vol aient lieu malgré le mauvais temps, parce qu'ils veulent arriver à destination ou en revenir plus rapidement, peut interférer dans une prise de décision objective et basée sur les faits et la sécurité.

«Les clients qui exercent des pressions pour que les vols soient assurés malgré le mauvais temps peuvent avoir une influence néfaste sur les décisions des pilotes et des exploitants», écrit le BST.

Il cite un rapport datant de 1998 selon lequel ces pressions peuvent être «explicites, sous la forme de demandes expresses des clients et de menaces de recourir à d'autres exploitants prêts à prendre plus de risques ou plus sournoises, lorsque les compagnies et les pilotes cherchent à satisfaire leurs clients en démontrant leur grande fiabilité».

Le BST signale qu'aux États-Unis, la Federal Aviation Administration a lancé un programme d'éducation des clients pour améliorer la sécurité des vols en Alaska. On y informe les passagers des dangers de faire pression sur les pilotes pour qu'ils acceptent de voler par mauvais temps.

«À l'heure actuelle, il n'y a pas de tels programmes d'éducation au Canada pour informer le public», souligne le Bureau de la sécurité des transports dans son rapport.