Les déserteurs américains pourraient obtenir le droit de demeurer au Canada, s'ils restent suffisamment longtemps au pays pour assister à un changement de gouvernement, a déclaré la députée néo-démocrate Olivia Chow, samedi.

Mme Chow a tenu ces propos alors que des partisans de déserteurs américains se sont rassemblés samedi, à la suite du rejet par le Parlement du projet de loi qui aurait permis à ces personnes de demeurer au Canada.

Elle a ajouté que son parti et le Bloc québécois sont favorables à ce que les déserteurs demeurent au pays. «Ils pourraient avoir un espoir de rester ici si les conservateurs perdaient le pouvoir aux prochaines élections», a déclaré Mme Chow dans une entrevue à Ottawa. Selon elle, des élections pourraient être tenues ce printemps.

Selon une porte-parole des déserteurs, Michelle Robidoux, environ 80 Canadiens et Américains se sont réunis à Fort Erie, sur la frontière ontarienne, afin de discuter des prochaines étapes possibles dans leur combat pour rester au pays.

«Lorsque les gens entendent leurs motivations et le récit de tout ce qu'ils ont laissé de côté pour obtenir l'asile, il devient évident que le Canada devrait leur permettre de rester plutôt que de les renvoyer dans leur pays, où ils seront emprisonnés», a-t-elle souligné.

Une dizaine de déserteurs vivant présentement sur le territoire canadien ont évoqué les raisons qui les ont motivés à déménager plutôt que d'obtempérer aux ordres de déploiements militaires en Irak.

L'événement de samedi s'est conclu par la formation d'une chaîne humaine près du pont de la Paix, qui lie l'Ontario à l'État de New-York. L'objectif est de créer un dialogue entre les citoyens des deux côtés de la frontière.

Mme Chow a mentionné que plusieurs déserteurs étaient au pays depuis six ans et qu'ils apportaient leur contribution à la société canadienne. «Les déporter pour les envoyer en prison et les séparer de leurs enfants nés au Canada est tout simplement cruel», a-t-elle ajouté.

Le projet de loi privé présenté par le libéral Gerard Kennedy, qui aurait permis aux déserteurs de demeurer au Canada, a été rejeté un peu plus tôt en octobre.

Le ministère de l'Immigration a publié une circulaire cet été, soutenant que le refus d'accomplir le service militaire dans un autre pays pourrait rendre inadmissible la demande des requérants d'asile.

Le document ne va pas jusqu'à interdire de séjour les déserteurs et demande aux agents d'immigration de suivre les directives des conseillers régionaux.

La nouvelle réglementation mentionne une loi refusant l'entrée au Canada à des réfugiés dans «des cas où il y a une grande criminalité impliquée».

Le gouvernement conservateur aurait démontré peu d'empathie à l'égard des déserteurs américains. Des conservateurs ont soutenu que ces nouveaux arrivants avaient volontairement choisis de s'enrôler et qu'ils avaient désertés afin de ne pas servir leur pays en Irak.