Le controversé Rob Ford, un pilier de la droite politique, a été élu maire de la ville la plus populeuse du Canada, lundi soir, défaisant l'ancien vice-premier ministre ontarien George Smitherman à l'issue d'une rude campagne électorale ayant duré près d'un an.

Après le dépouillement de 99 pour cent des bureaux de scrutin à Toronto, M. Ford avait recueilli 47 pour cent des votes, comparativement à 35 pour cent pour M. Smitherman. Joe Pantalone a terminé au troisième rang, récoltant de 12 pour cent de la faveur populaire.

Le vainqueur a salué ses partisans en liesse.

«Cette victoire est un signal net lancé par les contribuables: assez, c'est assez. La fête avec l'argent des contribuables est terminée. Nous respecterons les contribuables et oui, mesdames et messiers, nous arrêterons  une fois pour toute de vivre au-dessus de nos moyens.»

Dans les premiers moments de la campagne électorale, M. Smitherman avait été établi favori pour triompher. Cependant, il a été incapable de tenir tête à M. Ford, un fougueux conseiller municipal qui a su attirer une vaste part d'électeurs avec ses promesses de réductions des taxes et d'élimination des dépenses exagérées à l'Hôtel de Ville.

«Je n'en peux plus d'attendre de fermer cette «mine d'or» et faire cesser ces dépenses inutiles, et nous allons redonner une santé financière à cette ville», a déclaré M. Ford, de sa résidence familiale, à CP24.

«Toronto est maintenant prête à brasser des affaires.»

Cette campagne électorale a retenu l'attention en raison de plusieurs incidents disgracieux, incluant des annonces publicitaires s'attaquant à l'homosexualité de M. Smitherman, et un article de journal - éventuellement retiré du site internet du Globe and Mail - se moquant du poids de M. Ford.

Ce triomphe, par ailleurs, pourrait ébranler les colonnes du bureau du premier ministre ontarien, le libéral Dalton McGuinty. De nombreux experts avaient prédit qu'une victoire de M. Ford pourrait annoncer un balayage du Parti conservateur à l'occasion des élections provinciales, l'automne prochain.

Après deux mandats majoritaires, de récents sondages laissent sous-entendre que la popularité du premier ministre Dalton McGuinty s'effrite, en raison des hausses des tarifs d'électricité et de la mise en place de la controversée taxe de vente harmonisée.

Ces éléments pourraient avoir influencer le résultat de l'élection à Toronto, compte tenu du fait que M. Smitherman est l'ancien bras-droit et homme de main de M. McGuinty.

«Mis à part nos différences philosophiques, à titre de Torontois qui adore ma ville, je souhaite votre réussite, Rob», a déclaré M. Smitherman, visiblement ému, à ses partisans.

«Toronto est trop importante, il ne peut y avoir de huées ce soir.»

M. Pantalone - le candidat de gauche appuyé par l'ancien maire David Miller - s'est fait pour le moins laconique.

«La population de Toronto s'est exprimée et la démocratie est merveilleuse.»

Les élections municipales torontoises ont aussi été le théâtre de la victoire de Mike Layton, le fils du leader du NPD Jack Layton, dans le district de Trinity-Spadina - le même secteur que représente, au Parlement, sa belle-mère Olivia Chow.

Ottawa opte pour Jim Watson

Par ailleurs, l'ancien ministre provincial Jim Watson a facilement remporté la course à la mairie d'Ottawa, devant le maire sortant Larry O'Brien, lors d'une campagne dominée par les dossiers du transport en commun et du développement urbain.

M. Watson, qui a dirigé les destinées de la ville d'Ottawa entre 1997 et 2000 avant une carrière productive en politique provinciale, avait obtenu l'appui de 49 pour cent des électeurs, après le dépouillement de 98 pour cent des bureaux de vote. M. O'Brien a dû se contenter du soutien de 24 pour cent des électeurs.

Plus tôt en octobre, M. O'Brien y est allé d'une étonnante déclaration, reconnaissant que les deux premières années de son règne avaient été un «désastre». Il avait aussi demandé à l'électorat de lui accorder une seconde chance.

Le houleux mandat de M. O'Brien à la mairie de la capitale canadienne a été marqué d'allégations de trafic d'influence qui l'ont forcé à se retirer temporairement, pendant que l'affaire se retrouvait devant les tribunaux. M. O'Brien a réintégré ses fonctions après avoir été acquitté.