Dans une entrevue à un mois des élections municipales de Toronto, on a demandé à Rob Ford qui était selon lui l'exemple du maire idéal. «Doug Holiday», a-t-il répondu.

Pourquoi, de tous les politiciens de l'histoire, choisir cet ancien maire d'une banlieue-dortoir de Toronto? «Doug a fait un excellent boulot. Il a sous-traité la collecte des ordures. C'était un maire pragmatique que les gens respectaient.»

Toute la vision de Rob Ford tient dans cette réponse. Le populiste, qui a pris l'establishment torontois de court en se faisant élire lundi soir maire de la ville, défend un programme tout à fait pragmatique pour Toronto.

«Nous proposons des politiques pour les cols bleus qui sont conservateurs d'un point de vue fiscal, a expliqué Doug Ford, le frère du maire, à La Presse hier. Nous voulons moins de gouvernement et moins de taxes.»

Doug Ford a été élu conseiller municipal lundi, en même temps que son frère. Il est maintenant considéré comme le plus grand appui du nouveau maire au conseil municipal. «Nous allons réussir, je n'ai pas de doute», lance-t-il.

Plan d'austérité

Mais que vont-ils réussir au juste? Que prévoit le programme du nouveau maire? Durant la campagne, Rob Ford a dévoilé son plan économique dans une vidéo sur YouTube. La stratégie est ambitieuse et austère. Le nouveau maire espère à la fois réduire les taxes et faire fondre de 1,5 milliard de dollars la dette de la Ville.

Pour y parvenir, il veut amputer de moitié le nombre de conseillers élus (de 44 à 22); sous-traiter la collecte des ordures (il n'a pas aimé la grève des éboueurs à l'été 2009); remplacer uniquement la moitié des employés municipaux qui partent à la retraite; réduire le financement de la culture...

Si Rob Ford veut réduire le nombre de fonctionnaires, il est néanmoins prêt à faire une exception dans le cas des policiers. Il a promis d'en engager 200 nouveaux, même si le taux de criminalité ne cesse de baisser à Toronto. «On n'a jamais trop de policiers», croit le nouveau maire.

La formule vient d'un homme dont le passé est truffé d'accusations criminelles: l'une datant de 1999 pour refus de se soumettre à un alcootest (coupable), l'une pour possession de marijuana (retirée), et l'une pour violence conjugale (retirée).

Fini, la guerre à la voiture

Sa vision des transports en commun est diamétralement opposée à celle que défendait David Miller, son prédécesseur progressiste. Dans le Toronto de Rob Ford, la voiture est reine. La taxe sur l'immatriculation d'un nouveau véhicule, mesure impopulaire mise de l'avant par M. Miller, sera abolie. Il n'y aura pas de nouveaux péages sur les routes, promet aussi le maire.

Alors que Montréal envisage de construire un réseau de tramways, Rob Ford entend réduire celui de Toronto. Le maire n'aime pas les tramways, qui ralentissent selon lui le flot du trafic.

Fini, aussi, les pistes cyclables sur les grandes artères. Elles seront maintenant aménagées dans de petites rues «où elles ont leur place». «Je ne peux défendre les pistes cyclables, avait déclaré Ford en 2007, alors qu'il était conseiller municipal. Les routes sont pour les bus, les voitures et les camions. Mon coeur saigne chaque fois que quelqu'un se fait tuer (à vélo), mais en définitive, c'est sa faute.»

Le nouveau maire va-t-il parvenir à réaliser son programme plébiscité lundi par 47% des électeurs? Sans aucun doute, croit son frère. Doug Ford raconte comment le maire a passé sa première journée au pouvoir à appeler chacun des 44 conseillers pour les féliciter. Vers la fin de la journée hier, il en avait joint la moitié...

«Ces 44 personnes vont avoir des idées différentes sur bien des choses, note Doug Ford. Tant qu'ils sont d'accord avec notre projet de réduire la dette, on va s'entendre.»

Avant de raccrocher, Doug Ford s'excuse pour son frère, qui n'a pas répondu aux appels de La Presse. «Il a eu une journée de fou!» dit-il.

Avec le Toronto Star et The Globe and Mail