L'appétit des Québécois pour des élections générales croît, tant sur la scène provinciale que sur la scène fédérale. Ils sont 47% à souhaiter un scrutin fédéral en 2011 et davantage encore, 58%, à désirer aller aux urnes pour élire un gouvernement qui dirigera le Québec.

Fait intéressant, ce sont les électeurs les plus jeunes (moins de 25 ans) qui souhaitent le plus avoir l'occasion de se prononcer sur le bilan du gouvernement de Stephen Harper à Ottawa (68%) et sur l'avenir du gouvernement de Jean Charest à Québec (69%).

L'intérêt est toutefois moins élevé chez les Québécois de 65 ans et plus. Dans leur cas, seulement 44% d'entre eux aimeraient avoir des élections fédérales et 42% des élections provinciales.

C'est ce que révèle un sondage SOM-La Presse réalisé auprès de 3482 Québécois du 16 au 20 décembre. Les entrevues ont été menées sur l'internet.

Selon Éric Lacroix, vice-président, solutions web de SOM, ces résultats confirment que les nombreuses controverses qui ont marqué l'année 2010 amènent les Québécois à souhaiter se rendre aux urnes. «Il semble que ce soit dans l'air du temps. Il y a de plus en plus de grogne envers les gouvernements et de plus en plus de gens souhaitent des élections», a dit M. Lacroix.

Les Québécois qui espèrent des élections fédérales en 2011 ont de bonnes chances de voir leur voeu être exaucé assez rapidement. Car le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, s'est clairement prononcé en faveur de la tenue d'élections générales au cours des premiers mois de la nouvelle année.

Le sentier de la guerre

Dans une récente entrevue accordée à La Presse, M. Ignatieff a affirmé que les Canadiens sont prêts à se prononcer sur le bilan du gouvernement minoritaire conservateur et que le Parti libéral est maintenant prêt à leur offrir une solution de rechange au Parti conservateur.

À cette fin, il a aussi annoncé que les troupes libérales voteront contre le prochain budget que déposera le ministre des Finances Jim Flaherty en février ou en mars, laissant ainsi l'avenir du gouvernement Harper entre les mains du NPD et du Bloc québécois.

Or, il serait étonnant que le Bloc québécois ou le NPD viennent à la rescousse des conservateurs à l'occasion du vote de confiance sur le budget. Résultat: des élections sont à prévoir en avril.

Le premier ministre Stephen Harper a pour sa part affirmé qu'il ne voulait pas d'élections en 2011. Il a dit vouloir continuer à gouverner et à adopter les mesures qui s'imposent pour soutenir l'économie canadienne qui demeure fragile.

Sur la scène provinciale, les électeurs devront prendre leur mal en patience puisque le mandat de cinq ans du gouvernement de Jean Charest prend fin en principe en décembre 2013.

Crise de confiance

Chose certaine, le coup de sonde mené par la firme SOM démontre que les gouvernements font actuellement face à une grave crise de confiance de l'électorat. En effet, seulement 19% des Québécois font totalement confiance (3%) ou assez confiance (16%) au gouvernement Charest, alors que 81% ne lui font pas du tout confiance (49%) ou peu confiance (32%).

Le gouvernement Harper obtient un résultat légèrement meilleur: 29% des Québécois lui font totalement confiance (4%) ou assez confiance (25%), tandis que 71% ne lui font pas du tout confiance (37%) ou peu confiance (34%).

Selon M. Lacroix, il est difficile de ne pas faire un rapprochement entre ces résultats et le fait que les principaux événements marquants au Québec en 2011 concernent de nombreuses allégations de corruption.

Les leaders malmenés

Cette crise de confiance a une incidence sur la perception qu'ont les Québécois des leaders en poste à Ottawa et à Québec.

Ainsi, seulement 23% des Québécois estiment que Jean Charest devrait demeurer à la tête de son parti en 2011. Ils sont à peine plus nombreux à penser que Pauline Marois devrait continuer à diriger le Parti québécois (37%). Seul le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, semble bien en selle; 72% des gens croient qu'il doit rester aux commandes de son parti.

«Pauline Marois doit certainement compter les jours d'ici au mois d'avril», a affirmé à ce sujet M. Lacroix en faisant allusion au vote de confiance des membres du parti que doit subir la chef péquiste à cette date.

Sur la scène fédérale, la situation est moins sombre pour les leaders. Un répondant sur deux croit que Stephen Harper doit rester le chef du Parti conservateur. Le chef du NPD, Jack Layton, obtient le meilleur score avec 90% tandis que le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, arrive deuxième avec 79%. La chef du Parti vert, Elizabeth May, suit de très près avec un taux d'approbation de 74%. Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, obtient pour sa part le pire résultat des leaders fédéraux avec 46%.