Un homme d'origine chilienne qui devait être expulsé vers son pays natal après 32 années passées au Canada a finalement obtenu un sursis. Dans sa décision rendue hier, la Cour fédérale a accordé à Victor Hugo Morales un délai de plusieurs mois pour qu'il puisse interjeter appel du rejet de sa demande de résidence permanente pour motifs humanitaires.

«Je suis tellement content de cette décision, très content de ce sursis! s'est exclamé Morales. Ma mère a pleuré, ma soeur a sauté de joie. C'est un soulagement pour nous tous et pour mes enfants.»

Arrivé au Canada à l'âge de 7 ans, Victor Hugo Morales a passé les trois dernières décennies au Canada, où vivent sa mère, sa soeur, son ex-femme et ses enfants, tous citoyens canadiens. Il a quant à lui perdu son statut de résident permanent, qu'il avait obtenu en 1978, après de nombreux démêlés avec la justice causés par ses problèmes d'alcool et de drogue.

Immigration Canada a décidé de l'expulser dès 1998, mais cette décision n'a pu être mise à exécution pendant 12 ans. D'abord, ses démêlés avec la justice ont duré jusqu'en 2004, après quoi Morales s'est fait dire qu'il devait se procurer des «documents de voyage» auprès du Chili, un pays où il n'a pas mis les pieds depuis 30 ans.

Entre-temps, Morales est devenu sobre et n'a cessé de s'investir dans la vie de ses proches, notamment sa mère, Monica, qui souffre du sida, et ses deux plus jeunes fils, qu'il voit tous les jours. «Dieu m'a aidé dans cette cause. Je suis un born-again christian. Quand j'étais dans le crime, j'étais mort, mais maintenant, Jésus m'a fait renaître», explique ce fervent évangéliste.

Immigration Canada avait qualifié d'«intéressés» les témoignages des proches de Morales et ordonné son expulsion le 8 février. Un argument que réfute la décision rendue hier. «Il va de soi que M. Morales et ses enfants seront sérieusement affectés s'ils sont séparés pour de nombreuses années, voire à tout jamais. M. Morales n'a plus de famille proche au Chili et aurait d'énormes difficultés à s'intégrer à un pays qu'il ne connaît pas», écrit le juge de Montigny.