Après de longues tergiversations, le projet du nouvel amphithéâtre de Québec reçoit enfin le feu vert. Sans le moindre investissement du fédéral ou du privé. «On a décidé qu'on mènerait nos affaires», a lancé jeudi matin le maire de Québec, Régis Labeaume. La construction sera lancée en 2013. Elle doit être terminée à l'automne 2015.

La Ville de Québec et le gouvernement Charest se partagent la facture de 400 millions. Le maire Labeaume avait déjà promis 50 millions. Il ajoute maintenant 137 millions, pour un total de 187 millions. Le gouvernement Charest s'engageait cet automne à payer 45% de la facture. Il offre maintenant «jusqu'à 50%». Mais cette fois, il se protège contre d'éventuels dépassements de coûts en plafonnant sa contribution à 200 millions. Le financement sera bouclé par le groupe J'ai ma place. La Ville de Québec assumerait donc elle seule d'éventuels dépassements de coûts. Ce qui n'inquiète pas M. Labeaume. En conférence de presse, il a refusé de même envisager cette possibilité.

Le maire soutient qu'il ne pouvait plus attendre. Il y a maintenant «une fenêtre d'ouverture» pour attirer une équipe de hockey professionnel à Québec. Mais selon lui, cette ouverture durera seulement encore quelques mois. «L'année prochaine, ce sera pas mal terminé, a-t-il soutenu. C'est maintenant qu'il faut démarrer.»

Il dit encore négocier avec des entreprises privées. Mais pas pour payer la construction de l'amphithéâtre. Aucune entreprise ne veut assumer la majorité des coûts. Et le maire refuse de céder la propriété de l'amphithéâtre à une entreprise en échange d'un investissement minoritaire. «Il s'agit d'un bien public», a-t-il justifié.

Les négociations avec le secteur privé portent sur le bail de location pour une équipe sportive professionnelle, un contrat de gestion pour les événements culturels et sportifs, le monopole de la vente de bière ou le nom de l'amphithéâtre. Pour obtenir ces contrats, il faut une équipe de la LNH. Et pour obtenir une équipe de la LNH, il faut un amphithéâtre. M. Labeaume espérait jeudi avoir provoqué la chaîne d'événements souhaités. «Seulement avec l'annonce d'aujourd'hui, de nouvelles entreprises se manifestent», a-t-il raconté.

Il faudra attendre 2013 pour que le dossier d'affaires soit complété.

«Pas un éléphant blanc»

La Ville de Québec empruntera 125 millions sur 20 ans, à un taux d'intérêt de 5%. Cela lui coûtera donc 10 millions par année. M. Labeaume a tenu à relativiser son investissement. Il a répété deux fois que cela équivaudra à 0,8% du budget annuel de la Ville. Son plan de réduction de la dette lui a permis de dégager la somme. Aucune nouvelle taxe municipale ne sera créée pour payer l'amphithéâtre, a-t-il assuré.

Le Colisée actuel a 61 ans. Selon M. Labeaume, cela n'a «aucun sens» que Québec ne dispose pas d'un amphithéâtre plus moderne. «On est une capitale, une capitale nationale», a-t-il insisté.

Il y a peut-être un Colisée, mais à part pour les casquettes et chandails que portent les nostalgiques, il n'y a pas de trace des Nordiques à Québec. Mais qu'il y ait une équipe ou non, le projet ne sera pas déficitaire, a-t-il assuré. «Ça ne sera pas un éléphant blanc», a prévu M. Labeaume.

Ses calculs s'appuient sur une étude d'Ernst & Young, dont la marge d'erreur s'élevait à 75%. Selon cette étude, même sans équipe de la LNH, le nouvel amphithéâtre accueillera 20 événements de plus par année que le vieux Colisée. Ces événements seront sportifs, culturels ou autres. Quelque 700 000 billets additionnels devraient aussi être vendus. Des frais d'administration de 4$ par billet seront facturés. Le nouveau Colisée doit générer ainsi 3,8 millions de revenus additionnels par année. Ces frais d'administration doivent servir à compenser un éventuel déficit d'opération.

Selon le maire, le projet servira aussi à «revitaliser» le quartier de Vanier, où sera construit le nouveau Colisée, tout près de l'ancien. Si personne ne se manifeste pour acheter le vieux Colisée, il sera détruit. Le nouvel amphithéâtre doit aussi permettre d'attirer et retenir les jeunes dans une ville dont la population compte parmi les plus vieilles au pays.

«Si les jeunes peuvent triper sur le hockey à Montréal, on veut qu'ils puissent faire la même chose ici.»