Le président du Conseil du Trésor, Stockwell Day, affirme que les auteurs de la cyberattaque contre certains ministères du gouvernement canadien n'ont pas réussi à obtenir les dossiers qu'ils recherchaient.

Les systèmes de protection ont été activés rapidement, a-t-il dit, ce qui a empêché le vol de fichiers importants au ministère des Finances.

M. Day a ajouté que cet incident ne forcera pas le ministre des Finances, Jim Flaherty, à reporter la présentation de son budget, prévue le mardi 22 mars.

«Selon les informations que nous avons en ce moment, les détecteurs et le système de protection ont reçu les alertes à temps et les portes se sont refermées rapidement», a affirmé M. Day.

D'après le réseau CBC, la cyberattaque, qui a eu lieu en janvier, visait le ministère des Finances, le Conseil du Trésor et l'Agence de recherche et de développement du ministère de la Défense. Les soupçons se tournent encore une fois vers la Chine, bien qu'il soit impossible de déterminer si les pirates sont d'origine chinoise ou s'ils ont simplement utilisé des serveurs situés en Chine à partir d'un autre pays.

Les autorités chinoises, elles, ont démenti avec véhémence toute implication dans cette affaire. «Les allégations selon lesquelles le gouvernement chinois soutient le piratage informatique sont infondées», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu. Il a ajouté que la Chine est aussi victime de cyberattaques à l'occasion.

Les pirates auraient infiltré les réseaux internes des ministères, obtenu les mots de passe confidentiels de certains employés et répandu un virus en distribuant des fichiers infectés par courriel sans laisser de trace, à la recherche de documents précis, selon le réseau CBC.

Les responsables des réseaux informatiques tentent de détruire le virus et de déterminer si des données ont été volées.

Depuis cette cyberattaque, l'accès à l'internet des employés des deux ministères a été grandement restreint. Les employés qui doivent absolument utiliser l'internet doivent travailler chez eux ou dans des cafés qui offrent un service sans fil situés loin du ministère des Finances.

«Rien n'indique que des données privées de Canadiens aient été compromises lors de cette tentative d'intrusion», a dit un porte-parole du Conseil du Trésor, Jay Denney.

De passage à Toronto, hier, le premier ministre Stephen Harper s'est montré prudent, se bornant à dire que les cyberattaques représentent un défi grandissant: «Je ne peux jamais faire de commentaires sur des questions de sécurité nationale. Mais je peux vous affirmer que la cybersécurité est un enjeu de plus en plus important, pas seulement au pays, mais à travers le monde. Nous travaillons étroitement avec nos alliés pour tenter de prévenir ces attaques.»

Réseaux vulnérables

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement canadien est victime d'une cyberattaque massive. En juin 2008, La Presse avait révélé qu'une vingtaine de ministères avaient été frappés par des pirates en juin et juillet 2007. Les autorités canadiennes avaient alors laissé entendre que cette attaque avait été l'oeuvre de pirates chinois.

Aux Communes, hier, le NPD a accusé le gouvernement Harper de négligence. Il a rappelé que la vérificatrice générale, Sheila Fraser, a déjà averti Ottawa que ses réseaux informatiques pouvaient être vulnérables. Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews a soutenu que son ministère avait annoncé en octobre dernier des investissements de 90 millions de dollars en cinq ans pour mieux protéger les réseaux informatiques.

Par ailleurs, la semaine dernière encore, la société de sécurité informatique McAfee a révélé que plusieurs grands groupes pétroliers internationaux sont victimes depuis plus d'un an de pirates informatiques chinois qui cherchent à voler des renseignements confidentiels.

L'an dernier, une commission du Congrès américain avait accusé Pékin de piloter des attaques «massives» contre les systèmes informatiques américains. En janvier 2010, Google s'est dit victime d'attaques originaires de Chine, qui visaient notamment des comptes Google appartenant à des militants des droits de l'homme. Les autorités chinoises ont toujours nié toute implication.