Les responsables de l'attaque informatique contre des ministères du gouvernement canadien ne semblent pas être parvenus à leurs fins. Mais qui donc a tenté de voler des informations capitales au Canada? Tous les regards sont tournés vers la Chine.

Gouvernement ou pirates chinois? Le but du piratage des systèmes informatiques des ministères du Revenu et de la Défense révélé mercredi par la CBC reste encore inconnu, mais ce cas allonge encore la liste des pays, entreprises ou institutions attaqués par des pirates chinois.

De Google au dalaï-lama, les talents des cyberpirates chinois ont souvent fait le tour du monde. En Chine, le piratage informatique est devenu un véritable sport national, a écrit le New York Times il y a un an. «C'est difficile de s'informer sur l'internet, en Chine, et beaucoup de gens ont trouvé des moyens assez raffinés pour déjouer la censure. Pirates ou simples citoyens désireux de s'informer, il y a une expertise poussée répandue», dit André Laliberté, spécialiste de la Chine, professeur à l'Université d'Ottawa et chercheur au centre Woodrow Wilson, à Washington.

Fréquent, le piratage

Le gouvernement chinois n'hésite pas non plus, dans ses activités d'espionnage, à recourir au piratage informatique. «Les Chinois se sont dotés il y a 11 ans d'une stratégie pour se préparer à une vague d'attaques internet qui pourraient rendre les pays de l'Occident sourds, aveugles et muets en cas de conflit», explique Michel Juneau-Katsuya, expert en renseignement et en sécurité, coauteur de Ces espions venus d'ailleurs.

Les services de renseignement chinois ne sont pas les seuls à recourir au piratage. Le Canada, comme bien d'autres pays, doit essuyer des cyberattaques de façon quotidienne, poursuit M. Juneau-Katsuya. «Tous les jours, on a des attaques de la Chine ou d'ailleurs. Tous les pays occidentaux ont ce problème.»

Dans le cas des attaques révélées par la CBC, il semble qu'elles visaient un double but: collecter des informations et implanter un virus dans le système informatique gouvernemental.

Toutefois, Pékin nie toute responsabilité dans ces attaques et Ottawa reste discret quant à leur origine. «Il se peut que la Chine soit à l'origine de ces attaques, mais il est tout aussi possible que ce soient des hackers ou des gens basés en Chine», dit Loïc Tassé, sinologue et chargé de cours au département de sciences politiques de l'Université de Montréal. «La Chine deviendra en 2025 la première puissance économique au monde, devant les États-Unis. Un certain nombre de pays ont intérêt à la discréditer.»

Le gouvernement chinois aurait peu à gagner à attaquer des sites canadiens, estime M. Laliberté. «Il est clair que l'attaque vient de la Chine, mais de là à conclure qu'elle vient du gouvernement, ce n'est pas la même chose. Ce n'est pas dans l'intérêt du gouvernement chinois de jouer ce jeu-là, ce serait franchement stupide. Le Canada ne représente pas un danger pour la Chine.»