Le maire de Saguenay, Jean Tremblay, s'est dit surpris, mardi, de recevoir une mise en demeure le sommant de retirer immédiatement les signes religieux à la salle du conseil municipal et de cesser la prière avant les séances.



Mais M. Tremblay a néanmoins soutenu, en entrevue à La Presse Canadienne, qu'il respecterait la loi si la procédure juridique était valide, puisqu'il ne souhaite pas être dans l'illégalité.

Mais à son avis, il est «peu probable» que cela se produise, et il y aura vraisemblablement une prière sous le crucifix le 7 mars, date de la prochaine réunion du conseil municipal.

Le Mouvement laïque québécois (MLQ) a expédié, lundi, une mise en demeure au maire Tremblay, alléguant que le jugement du 9 février du Tribunal des droits de la personne, homologué par la Cour supérieure le 25 février, est devenu exécutoire même si la Ville a annoncé son intention d'en appeler.

L'avocat du MLQ, Luc Alarie, et un citoyen de Saguenay, Alain Simoneau, croient que le maire Tremblay contrevient à la loi et au jugement en ne payant pas le montant de la condamnation, d'un total de 30 000 $.

Selon eux, il enfreindrait également la loi en s'abstenant de se conformer aux ordonnances rendues par le Tribunal, en laissant en place les symboles religieux dans les salles où se réunit le conseil municipal et en maintenant la pratique de la récitation de la prière.

«Si on ne respecte pas les dispositions du jugement, il y a des conséquences à cela, et la Charte des droits et libertés de la personne prévoit que les personnes peuvent être passibles d'outrage au tribunal et d'une amende jusqu'à 50 000 $», a expliqué Me Alarie.

Selon la mise en demeure, M. Tremblay dispose de 48 heures pour confirmer par écrit et sans délai qu'il a remédié à la situation.

Mais en entrevue, le maire de Saguenay a répété qu'il avait été surpris par la démarche judiciaire, affirmant qu'il s'agissait «d'affaires d'avocats» plutôt que d'un acte délibéré de sa part pour ne pas respecter la loi.

«On m'a toujours informé que j'avais 30 jours pour exécuter un jugement», a soutenu M. Tremblay.

Selon lui, si la Cour d'appel accepte la requête de la Ville, il n'aura pas à cesser la prière, à retirer les crucifix et à payer le montant de la condamnation avant un jugement de celle-ci.

Des dons totalisant 118 000 $

Le maire de Saguenay avait par ailleurs lancé il y a quelques semaines un appel aux dons pour mener sa croisade juridique afin de maintenir la prière avant les séances du conseil municipal. Critiquée par plusieurs, la campagne «pro-prière» a néanmoins rapidement porté fruit: le téléphone de l'hôtel de ville n'a pas dérougi depuis, et la tirelire saguenéenne n'a cessé de se remplir.

D'ailleurs, en date de mardi, Jean Tremblay dit avoir récolté 118 000 $ en dons, tout en demeurant flou sur la provenance de l'argent. Il a cependant précisé que de manière générale, il s'agissait de petits montants versés par des individus plutôt que des entreprises.

«Il y a beaucoup de gens de l'extérieur (de Saguenay) qui ont des convictions, qui veulent que nos traditions soient respectées, qui sentent une menace relativement à notre patrimoine, à notre culture, et qui nous font parvenir des dons», a aussi soutenu le maire Tremblay, ajoutant qu'il avait même reçu des chèques en provenance des États-Unis.

Par ailleurs, le collectif Citoyens pour la démocratie à Saguenay a lancé lundi une contre-attaque en publiant sur sa page Facebook une courte vidéo d'environ 90 secondes intitulée «Pas en mon nom, M. le maire!». Plusieurs citoyens y affirment leur refus d'être associés aux propos du maire sur la prière.

Mais Jean Tremblay en fait peu de cas, affirmant que la vidéo ne contient rien «d'extraordinaire» et que c'est normal que tous ne se rangent pas derrière lui.

«Mais c'est ça la force d'un politicien: de tenir le drapeau envers et contre tous quand il sait que ce sont ses principes et qu'il a raison. Et si la population ne pense pas comme moi, ils vont me le faire savoir aux prochaines élections», a-t-il conclu.