Il y a 40 ans aujourd'hui, le Québec était enseveli sous la pire tempête à survenir au XXe siècle. La chute de près de 50 centimètres de neige à Montréal avait complètement paralysé la ville, en plus de coûter la vie à une trentaine de personnes.

«La tempête du siècle», titrait La Presse le matin du 5 mars 1971 dans un numéro imprimé à quelques milliers d'exemplaires et vendu aux stations de métro, la livraison par camion étant impossible.

Malgré ce sobriquet, qui est passé à l'histoire, il s'agirait plutôt de la quatrième chute de neige en importance du XXe siècle, selon les données compilées par Environnement Canada. Les 50 centimètres de neige tombés du 3 au 4 mars 1971 s'ajoutaient cependant à une accumulation de 56 centimètres au sol, rendant tout déplacement presque impossible. De violentes rafales atteignant 108 km/h avaient également été enregistrées.

Cette colère de Dame Nature a forcé la fermeture des écoles, des institutions publiques et de la plupart des commerces durant près d'une semaine.

En deux jours, la tempête a fait au moins 30 morts. La plupart des victimes ont succombé à des crises cardiaques en pelletant ou en circulant à pied. Quatre automobilistes ont également été asphyxiés à l'intérieur de leur véhicule coincé dans la neige.

La majorité des gens qui ont vécu le blizzard du 4 mars 1971 en gardent toutefois des souvenirs heureux.

«Je me rappelle avoir trouvé ça vraiment amusant. On a eu beaucoup de plaisir», se remémore Micheline Leduc, au début de la vingtaine à l'époque. «Il y avait de la neige jusqu'aux fenêtres! Les rues étaient complètement enneigées, c'était impossible de se déplacer. Avec une voisine, on a tenté d'aller chercher des provisions à l'épicerie, mais nous avons rebroussé chemin après un coin de rue. C'était impossible, on avait de la neige jusqu'à la taille! C'est finalement un voisin qui est allé faire les courses en ski de fond pour toute la rue.»

Claude Meunier était jeune policier à Montréal au moment de la tempête du siècle. «C'était le branle-bas de combat. Les gars ont beaucoup travaillé», se remémore-t-il. À l'époque, les policiers montréalais assuraient le service d'ambulance. «La direction avait demandé aux policiers qui possédaient des motoneiges de les rendre disponibles. C'était comme cela qu'on répondait aux appels d'urgence. On patrouillait et on emmenait les patients à l'hôpital en motoneige.»

Comme de nombreux travailleurs, le maire de Montréal, Jean Drapeau, avait été contraint de dormir à l'hôtel de ville le soir de la tempête. Selon les archives de La Presse, il avait passé une partie de la nuit à coordonner les opérations de déneigement et les activités des secouristes. À Québec, la session de l'Assemblée nationale n'a duré que quelques minutes. Seulement 41 députés sur 108 étaient parvenus à se rendre au parlement. Le premier ministre de l'époque, Robert Bourassa, avait également passé la nuit au parlement, dans ses appartements privés. Même le match que le Canadien devait disputer contre les Canucks de Vancouver au Forum avait été annulé en raison des intempéries. La dernière fois que le Tricolore avait reporté un match remontait à 1927. La cause: le mauvais temps!