Les palmarès se suivent et ne se ressemblent pas pour Montréal. Après avoir honoré la métropole québécoise comme «la ville canadienne la plus trépidante» en 2009, le magazine économique MoneySense lui a donné une véritable gifle cette semaine dans son palmarès 2011 sur la qualité de vie. Parmi les 180 municipalités canadiennes analysées, Montréal hérite d'une médiocre 123e place, devancée par Vancouver (29e) et Toronto (91e).

Ce qui a fait mal à Montréal: le prix élevé de l'immobilier, les bas revenus des ménages et le taux de chômage. La ville se classe au-dessous de la moyenne dans 10 des 17 critères d'évaluation. Elle fait toutefois meilleure figure pour ses transports en commun (1re sur 180), le nombre de personnes qui se rendent au travail à pied ou à vélo (25e) et la proportion de voitures neuves sur la voie publique (31e).

Québec obtient par ailleurs une très bonne 25e position, notamment grâce à son nombre élevé de médecins par tranche de 1000 habitants, à sa faible criminalité et à son bas taux de chômage. Pour la quatrième fois en six palmarès, c'est l'agglomération d'Ottawa-Gatineau qui arrive première. Son secret: des scores moyens dans pratiquement toutes les catégories, du nombre de chômeurs à la vie culturelle en passant par la criminalité. «Bien sûr, une grande partie de ce succès provient du fait que la ville est le siège du gouvernement fédéral, expliquent les journalistes Joe Castaldo et Phil Froats. La bureaucratie, même si elle n'est pas sexy, signifie des emplois, des revenus élevés et des équipements publics.»

Palmarès à contre-courant

Conscient de la controverse que provoque chaque année son palmarès pancanadien, le magazine MoneySense assure ne tenir compte que des critères les plus objectifs pour l'établir. Les données proviennent par exemple des recensements de Statistique Canada, des données d'Environnement Canada (les précipitations annuelles sont l'un des critères) et des études de la Société canadienne d'hypothèques et de logement.

«On nous accuse de ne pas tenir compte de plusieurs facteurs qui sont de la plus haute importance, comme la présence de voisins amicaux ou la beauté des paysages, précisent les auteurs de l'article sur le palmarès. C'est vrai que ces caractéristiques contribuent à la qualité de vie d'une ville, mais elles sont subjectives et complètement impossibles à mesurer.»

En ce sens, le palmarès de 2009, qui couronnait Montréal comme la ville la plus animée («with the most buzz»), se voulait un exercice tout à fait subjectif. On reconnaissait à la métropole québécoise le statut de capitale culturelle du Canada en raison de ses cafés branchés, de ses festivals, de son théâtre, de son cinéma et de ses restaurants.

Avec son palmarès 2011 sur la qualité de vie, toutefois, MoneySense fait fausse route, estime-t-on à l'hôtel de ville de Montréal. «Ce palmarès ne nous empêchera pas de dormir: d'autres publications ont dit exactement le contraire, dit Darren Becker, porte-parole du comité exécutif de la Ville. Lonely Planet, le New York Times, Monocle Magazine, tous ont salué la qualité de vie à Montréal.» La métropole, assure-t-il, «est une ville en plein essor, avec 162 chantiers en cours pour 13,4 milliards d'investissements, des projets qui ont un impact direct sur la qualité de vie des Montréalais.»