Après des mois de controverse, la trousse du recensement 2011 est arrivée dans 15 millions de foyers canadiens. Au cours des deux prochains mois, une famille sur trois recevra également un questionnaire détaillé qui, pour la première fois, n'est pas obligatoire. Statistique Canada pense tout de même qu'au moins 50% des ménages y répondront.

L'abolition de l'aspect obligatoire du questionnaire détaillé a fait couler beaucoup d'encre l'été dernier. Le gouvernement conservateur a décidé que les Canadiens n'avaient pas à être menacés de prison ou d'amendes s'ils refusaient de répondre à des questions qu'ils jugeaient trop indiscrètes.

Cette décision avait été décriée par les partis de l'opposition ainsi que par une multitude de chercheurs, d'universitaires et de démographes, qui estiment qu'un sondage volontaire ne peut pas produire la même qualité de données. Le statisticien en chef de Statistique Canada de l'époque, qui s'opposait aussi à cette décision, a même démissionné.

Guy Oddo, directeur de Statistique Canada pour la région Est, a assuré hier en point de presse que les données recueillies grâce à cette nouvelle méthode allaient permettre aux statisticiens de brosser un portrait fiable du pays.

«Dans l'ensemble, on va avoir des chiffres précis pour les grandes tendances. Par exemple: comment évoluent les niveaux de scolarité, quelle est la présence des différents groupes ethniques ou qu'en est-il des revenus des familles monoparentales... Mais pour les chiffres d'un très petit sous-groupe dans un très petit quartier, on va être obligés d'attendre et de voir quelle sera la fiabilité des chiffres recueillis.»

Malgré le caractère volontaire du sondage, Statistique Canada pense qu'au moins un questionnaire sur deux sera rempli. «Notre hypothèse de travail, c'est que l'on va avoir au moins 50% de réponses. À partir de là, on va essayer d'aller en chercher plus pour détailler les données», a expliqué M. Oddo.

Au cours du dernier recensement, en 2006, un ménage sur cinq a reçu le questionnaire détaillé obligatoire. Puisque davantage de questionnaires ont été imprimés et distribués cette année, l'exercice coûtera 30 millions de dollars de plus, pour un budget total de 660 millions.

Depuis la semaine dernière, 3 800 800 Québécois ont reçu un formulaire de 10 questions ou une invitation à répondre au questionnaire sur le web. Cette portion de l'enquête, qui porte sur l'âge des répondants, leur état matrimonial et les langues qu'ils parlent, est toujours obligatoire. Dès la mi-mai, environ 8000 agents prendront contact avec les ménages qui n'auront pas encore répondu aux questions.

«C'est vraiment un outil essentiel, a expliqué M. Oddo. Ces comptes de population vont servir notamment à délimiter les nouvelles frontières des circonscriptions électorales, à déterminer en partie les paiements de transfert du gouvernement fédéral aux provinces et les subventions accordées aux municipalités. Ça permet aussi de déterminer où construire les écoles, où ouvrir les garderies, quel genre de services à offrir aux personnes âgées ou quel genre de transports en commun il faut établir.»