La popularité du vélo ne se dément pas au Québec. Les pistes cyclables se multiplient, le nombre de cyclistes augmente et ils ont moins d'accidents graves. Voilà les conclusions d'une vaste étude sur le vélo dévoilée jeudi, qui observe néanmoins un phénomène inquiétant: les jeunes Québécois font de moins en moins de bicyclette.

Dans l'ensemble, le nombre d'adeptes du vélo ne cesse d'augmenter dans la province. Ils étaient 2 millions en 2010 à faire de la bicyclette au moins une fois par semaine, note L'état du vélo au Québec, une étude quinquennale menée par Vélo Québec. Ce chiffre était de 1,8 million il y a cinq ans et de 1,6 million en 2000.

La bicyclette est aussi de plus en plus utilisée pour des déplacements utilitaires. La proportion des cyclistes qui ont enfourché leur monture à des fins de transport a doublé en 10 ans, pour atteindre 37% l'année dernière.

«Cette progression du vélo utilitaire est une percée majeure pour nous, précise la directrice de Vélo Québec, Suzanne Lareau. On savait depuis les années 90 que les Québécois faisaient du vélo dans leurs loisirs. Mais on constate que de plus en plus ils utilisent le vélo pour aller travailler, aller voir des amis ou faire des courses. Tous les efforts qu'on a mis dans les 10 dernières années pour encourager les gens à utiliser le vélo à des fins de transport ont fonctionné.»

Tout comme le reste des Québécois, les Montréalais utilisent de plus en plus le vélo pour se rendre au travail: 2,2% des déplacements vers le boulot se font désormais à bicyclette. Il s'agit d'une légère hausse par rapport à 2005 (1,6%).

La progression la plus frappante a eu lieu dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, où 9,6% des déplacements vers le travail se font sur deux roues (6,5% en 2005). Il s'agit de loin du premier arrondissement à ce chapitre, devant Rosemont-La Petite-Patrie (4,7%) et Outremont (4,3%).

«Si on se concentre sur le chiffre de 2%, ce n'est pas très spectaculaire, admet Suzanne Lareau. Mais Montréal est grand et il y a des secteurs dans l'est et l'ouest de l'île où on ne fait pas beaucoup de vélo. La bonne nouvelle, c'est qu'on se rend compte que dans les quartiers centraux la pratique augmente. On voit que les choix de la Ville de Montréal, le plan de transport de 2008 et l'arrivée de BIXI ont contribué à la croissance du vélo.»

Les enfants roulent moins

Mais L'état du vélo 2010 n'est pas tout rose. Source d'inquiétude pour Vélo Québec, les jeunes font de moins en moins de bicyclette, une situation qui pourrait se poursuivre à l'âge adulte et nuire à la croissance du vélo dans la province. En 2005, 93% des enfants et des adolescents faisaient du vélo; cette proportion est maintenant de 84%.

«On observe partout la baisse de l'activité physique chez les enfants, ça ne touche pas uniquement le vélo, rappelle la directrice de Vélo Québec. C'est tout de même très inquiétant. Il y a aussi moins d'enfants qui se rendent à l'école à pied ou à vélo. Les parents sont de plus en plus soucieux de la sécurité de leurs enfants - même, souvent, on est un peu obsessif avec ces questions-là. Il y a une obsession de la sécurité des enfants qui nuit à la pratique d'activités physiques.»

L'organisme pilote un projet avec plusieurs écoles pour faire la promotion de la marche et du vélo auprès des enfants. Mais le Québec a «tellement régressé à ce chapitre que ça va prendre une décennie au moins pour changer cette situation».

«Il faut créer un environnement favorable à la pratique: augmenter les pistes cyclables près des écoles, diminuer la circulation de transit à travers les quartiers résidentiels, réduire la vitesse des voitures... C'est là-dessus qu'il faut travailler si on veut ramener les enfants sur les vélos», énumère Suzanne Lareau.

Des «autoroutes» cyclables

La popularité des pistes cyclables montréalaises ne se dément pas. Voici le nombre de déplacements annuels dans les pistes les plus populaires.

> Boulevard de Maisonneuve: 1 million

> Rue Berri: 900 000

> Rue Saint-Urbain: 500 000

Source: L'état du vélo au Québec 2010