Dans le monde des ONG et des organismes de charité, on brandit souvent le ratio revenus/frais d'administration comme gage de probité.

À Revenu Canada, on estime qu'un organisme de charité ne devrait pas dépenser plus de 35% de ses revenus pour recueillir des fonds.

Un ratio faible, c'est-à-dire peu de frais d'administration et de frais de collecte de fonds qui ne grugent pas les revenus disponibles pour la cause, est certes un bon indicateur. Mais cela ne dit pas tout.

En fait, la présentation des chiffres dans les rapports financiers peut donner l'impression d'une gestion efficace, voire optimale, mais encore faut-il disposer d'une ventilation détaillée des dépenses.

Cas patent de flou artistique dans les rapports financiers, Vision mondiale (Canada), poids lourd des ONG, passée sous la loupe de Normand Calvé: des revenus de 375 millions en 2009 et des frais d'administration et de collecte de fonds de 70 millions, soit 19%.

On trouve toutefois deux postes de dépenses majeurs (programmes internationaux et dons de marchandise) totalisant 290 millions, sans plus de détails.

Après moult demandes, M. Calvé a finalement obtenu des renseignements détaillés pour un projet totalisant... 300 000$.

En entrevue à La Presse, la directrice de Vision mondiale-Québec, Isabelle De Pelto, s'est dite déçue de ne pas avoir pu satisfaire les demandes de Normand Calvé, mais elle affirme néanmoins avoir fait preuve de la plus grande transparence.

«Plus on lui donnait d'infos, moins il semblait satisfait, dit-elle. Nos rapports financiers sont complets, transparents et vérifiés par KPMG, mais on ne pouvait répondre à toutes ses questions parce que ça coûte cher pour nous, toutes ces vérifications.»

Insatisfait des réponses obtenues, M. Calvé se défend toutefois de vouloir ternir la réputation des ONG, bien au contraire.

«Je crois au travail des ONG, qui font oeuvre utile dans des coins abandonnés et qui comptent sur des centaines de bénévoles, mais je ne comprends pas pourquoi elles ne sont pas plus transparentes», conclut Normand Calvé.

Le gouvernement fédéral a déposé l'an dernier un projet de loi visant à resserrer les contrôles des ONG et des organismes de charité, notamment pour rendre obligatoires la divulgation et le plafonnement des salaires.

Le gouvernement a en effet une responsabilité directe puisque, très souvent, il encourage les contribuables à donner à ces organismes en promettant d'égaler les dons privés en fonds publics.

Selon M. Calvé, tout nouvel organisme, avant même d'obtenir les accréditations pour des collectes de fonds et la production de reçus fiscaux, devrait être obligé de présenter un budget reflétant ses engagements disponibles au public.