Les aliments halal pourraient être bientôt assujettis à la loi canadienne, a appris La Presse. L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) mène une consultation sur une modification du Règlement sur les aliments et les drogues visant à encadrer la certification halal. Déjà, l'étiquetage des produits casher (destinés aux juifs) est réglementé par Ottawa.

«La communauté musulmane du Canada a exprimé l'intérêt d'avoir une réglementation semblable pour les aliments halal», lit-on dans un document de l'ACIA obtenu en vertu de la Loi d'accès à l'information.

À l'automne, l'Agence a rencontré les producteurs d'aliments halal et les responsables de la certification «afin de discuter de leurs besoins en matière d'étiquetage», a confirmé Tim O'Connor, porte-parole de l'ACIA. Il s'agit de déterminer s'il y a lieu de modifier la politique actuelle afin d'y intégrer les aliments halal, a-t-il indiqué

En ce moment, la loi précise simplement que toutes les mentions inscrites sur les étiquettes «doivent être véridiques et non trompeuses».

De faux produits halal?

Or, «il y a actuellement des gens qui affirment que leurs produits sont halal alors que ce n'est pas le cas, dit Shaykh Omar Subedar, porte-parole de la Halal Monitoring Authority of Canada, joint à Toronto. Nous voulons une réglementation pour nous protéger contre cela. Je suis très content que l'ACIA ait reconnu le problème et nous ait consultés.»

Pourquoi des firmes agroalimentaires se donnent-elles la peine d'obtenir une certification halal? «L'essentiel, pour elles, est de savoir si elles feront du profit avec cela, a expliqué M. Subedar. Elles se rendent compte qu'il est bon pour elles de reconnaître et d'observer le halal.»

Carrés à la guimauve halal

YourBarFactory, entreprise de LaSalle, produit des carrés à la guimauve halal pour un client qui l'a demandé, sans certification officielle. «On a simplement fait vérifier la recette, pour garantir qu'elle ne contient pas de gélatine ou de dérivés du porc», a expliqué Myriam Amri, responsable du développement des affaires chez YourBarFactory.

L'entreprise ferait-elle affaire avec un organisme de certification halal? «Ça dépend du coût, le marché est petit», a répondu Mme Amri. Si l'allégation halal pose problème, YourBarFactory pourrait tout bonnement écrire «Sans gélatine» sur ses carrés à la guimauve.

Une certification à 200$ par mois

Najat Zaoui, directrice administrative de l'organisme Halal Montréal, n'a pas voulu indiquer le prix d'une certification. «Le coût est minime», a-t-elle assuré. Un entrepreneur a dit à La Presse payer 200$ par mois pour la certification halal donnée par une autre association.

Que répondre aux gens qui ne souhaitent pas manger halal, encore moins payer pour la certification? «Comme tous les produits certifiés, qu'ils soient bios ou autres, les produits certifiés halals sont destinés en premier lieu au consommateur qui les recherche, a fait valoir Mme Zaoui. Ce n'est pas tout le monde qui achète bio, par exemple.»

Si une modification de la réglementation est effectivement proposée pour encadrer l'étiquetage des produits halal, «les consommateurs et les intervenants pourront soumettre leurs commentaires», a assuré Tim O'Connor, de l'ACIA.

Avec la collaboration de William Leclerc

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Bouchers musulmans obligatoires

Pour que la viande soit halal, il faut que les bouchers (ou sacrificateurs) soient «des adultes musulmans pieux et sains d'esprit». Ils sont tenus de sectionner trachée et oesophage des animaux vivants en disant «Au nom d'Allah». Les lieux et l'équipement utilisés doivent être «nettoyés conformément à la loi de la Sharia», explique le site internet de Halal Montréal. La viande halal doit, enfin, être conservée séparément de la viande non halal, durant l'entreposage, le transport et la vente.