Après la ville de Québec jeudi soir, la pluie et les nuages ont assombri les célébrations de la Fête nationale, vendredi, à Montréal. Du traditionnel défilé de la Saint-Jean au spectacle du parc Maisonneuve en passant par les dizaines de fêtes de quartier, les Montréalais sont tout de même sortis par milliers pour clamer leur fierté d'être québécois.

«Ça n'arrive qu'une fois par année, a remarqué Louis Malenfant, de Longueuil, rencontré au défilé des géants. Ils ont mis tellement d'efforts pour organiser ça. On se fera mouiller, c'est tout!»

Une pluie battante tombait sur Montréal lorsque le défilé s'est ébranlé, mais il était hors de question de l'annuler. Les géants ne sont pas faits en chocolat. «Le plan du défilé avait déjà été prévu en fonction de la pluie, a indiqué, avant le départ du cortège, la responsable des communications des activités de la Fête nationale à Montréal, Marie-France Côté. Si le soleil se manifeste, ce sera un plus.» Le soleil ne s'est pas montré, mais la pluie a cessé de tomber.

Près de 80 000 personnes ont assisté au défilé, selon les estimations du comité organisateur de la Fête nationale à Montréal. L'an dernier, 100 000 personnes s'étaient déplacées sous un ciel incertain.

«On tenait à fêter le Québec, a déclaré Virginia Bazan, originaire du Pérou, qui ne semblait pas ennuyée par la pluie. On est ici depuis quatre ans et on s'est intégrés. Les gens sont accueillants. On se sent comme chez nous.»

Une trentaine de personnages historiques géants, entourés de 1000 figurants, danseurs et musiciens de toutes origines ont défilé dans une ambiance festive et familiale rue Sherbrooke, entre la rue Fullum et le boulevard Pie-IX. Les effigies de Samuel de Champlain, René Lévesque, Félix Leclerc, Maurice Richard et Jeanne Mance ont émerveillé les nombreux enfants qui regardaient le cortège, présenté par le comédien François Gadbois dans le rôle du «voyageur».

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a rappelé que la Saint-Jean est également une fête multiculturelle. «À Montréal, on a 120 communautés d'origines diverses, a-t-il souligné. On a des traditions qui peuvent être différentes, on a une histoire qui est différente, mais aujourd'hui tout le monde est uni pour une cause commune: fêter notre fête nationale et montrer à l'ensemble du monde qu'on est capables de vivre en harmonie, ici, au Québec.»

Quelques annulations

La plupart des fêtes de quartier prévues un peu partout dans l'île de Montréal ont également eu lieu. Le mauvais temps a toutefois forcé l'annulation de cinq d'entre elles qui devaient se dérouler à l'extérieur.

Le Comité social Centre-Sud a décidé de tenir ses activités à l'intérieur. «Normalement, on fait ça dehors. On a eu moins de gens que l'an passé, même si beaucoup d'enfants étaient là. C'est la 28e année que l'on organise la Saint-Jean, et c'est une des rares fois où l'on fait ça à l'intérieur», a dit Loriane Séguin, directrice générale.

Les fêtes qui se sont déroulées comme prévu ont toutefois attiré moins de gens qu'à l'habitude, selon la coordonnatrice des fêtes de quartier au comité de la Fête nationale de Montréal, Élise Rompré. «Il y avait quand même des gens malgré la forte pluie, a-t-elle remarqué. C'est surprenant.»

De nombreux politiciens de la scène provinciale ont également pris part aux célébrations de la Saint-Jean à Montréal. Invité à commenter la crise que traverse actuellement le Parti québécois, Bernard Landry a affirmé que cela pourrait être un «électrochoc salutaire». «La température du mouvement (souverainiste) est comme la température aujourd'hui, a-t-il illustré. Mais, le ciel sera un jour bleu à nouveau.» L'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui a déclaré il y a deux jours que les Québécois sont menacés d'assimilation, s'est fait discret et a refusé tout commentaire.

La chef péquiste, Pauline Marois, a quant à elle apprécié l'appui que lui ont manifesté les Québécois présents aux festivités. «C'est réconfortant, a-t-elle dit. Surtout dans les moments difficiles qu'on a vécus et qu'on traverse.»

Jean Charest, a pour sa part célébré la Saint-Jean à Québec, alors que Stephen Harper, était à Thetford Mines.

- Avec la collaboration d'Anabelle Nicoud