Le train de banlieue n'est pas à la veille de s'arrêter à Mirabel. La MRC de Mirabel a essuyé, la semaine dernière, troisième revers consécutif dans son projet de construire une gare et un stationnement sur des terres zonées agricoles, voisines des secteurs résidentiels de Saint-Janvier.

Dans une résolution votée lundi par le conseil municipal, la Ville de Mirabel demande maintenant «au gouvernement du Québec d'intervenir sans délai» pour autoriser la Ville à implanter la gare, son bâtiment ses quais et ses 405 places de stationnement, sur un lot «d'une superficie de 3,25 hectares, dans le secteur de Saint-Janvier.»

En entrevue à La Presse, hier, le maire de Mirabel, Hubert Meilleur, affirme que «le gouvernement du Québec va devoir démontrer qu'il est vraiment sérieux quand il invite la population à utiliser davantage les transports en commun. Il faut qu'il agisse par décret pour que le service soit offert aux citoyens de Mirabel».

Le 21 juin dernier, le Tribunal administratif du Québec (TAQ) a rejeté une requête en appel de la MRC Mirabel à l'endroit d'un jugement de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), rendu le 2 février 2010.

La CPTAQ a alors rejeté la demande d'exclure de la zone agricole un terrain de 3,25 hectares, situé au nord-ouest de l'intersection où le chemin Victor croise la voie ferrée, empruntée par la ligne de train de banlieue Blainville/Saint-Jérôme.

La décision du TAQ confirme le jugement de la commission et compromet sérieusement la possibilité que le train de banlieue s'arrête un jour à Mirabel.

Les terrains proposés comme solution de rechange par des agriculteurs, pendant les procédures judiciaires, ne conviennent pas, a expliqué le maire. Pas assez long. Le quai d'embarquement du train doit faire plus de 300 mètres (1000 pieds). Ou trop loin, dans une zone complètement entourée par les activités agricoles et située à 1,5 km des secteurs résidentiels de Saint-Janvier à vol d'oiseau, ou à presque 4 km de distance, en voiture.

M. Meilleur en appelle maintenant à «la responsabilité du gouvernement» en matière de transport et d'aménagement du territoire pour dénouer l'impasse, après deux décisions défavorables de la CPTAQ, un jugement du TAQ, cinq ans de délais juridiques et 100 000$ d'investissements de la municipalité.

Cinq ans plus tard

En 2005, l'Agence métropolitaine de transport (AMT), qui est responsable des trains de banlieue de la métropole, annonçait son intention de prolonger la ligne de Blainville/Montréal jusqu'à Saint-Jérôme. Comme la voie ferrée empruntée par le train de l'AMT traverse Mirabel de part en part, le projet d'ajouter une gare entre Blainville et Saint-Jérôme a aussitôt été mis en branle.

Fondée au début des années 70 par un rassemblement de plusieurs villes et villages (Sainte-Scholastique, Saint-Janvier, etc.), la ville de Mirabel est aussi grande que l'île de Montréal (à 5 km2 près). La zone agricole recouvre 88% de son territoire de 478 km2. L'immense majorité des terres longées par le train de banlieue sont donc situées en territoire agricole.

Dans le secteur Saint-Janvier, où la voie ferrée longe le secteur résidentiel le plus dense, il n'y a pas de terrain assez grand pour accueillir la gare et les 405 places de stationnement prévues, estiment la Ville et la MRC Mirabel.

La municipalité jette alors son dévolu sur un terrain en zone verte situé au nord du chemin Victor et à l'est de la voie ferrée du CP, dans un secteur adjacent au développement résidentiel. La Commission de protection du territoire agricole s'y oppose, dans une première décision, en 2006.

Un peu plus à l'ouest

Trois ans plus tard, la MRC de Mirabel, responsable de l'aménagement du territoire, fait une nouvelle demande d'exclusion à la CPTAQ pour un terrain situé à la même hauteur que le premier, mais du côté ouest de la voie ferrée.

Malgré l'assurance de la MRC, à l'effet «de laisser tout le secteur, hormis la gare, en zone agricole active», le syndicat régional de l'Union des producteurs agricoles (UPA) s'oppose au projet, de même que des agriculteurs occupant des terres adjacentes.

Certains affirment être «déjà dérangés par la circulation», et craignent que le périmètre d'urbanisation du secteur de Saint-Janvier finisse par s'étendre, autour de la gare, pour réduire leurs capacités de production.

«La Commission a déjà refusé une demande semblable sur un terrain, de l'autre côté de la voie ferrée, afin de préserver l'homogénéité de la communauté agricole concernée et pour maintenir les conditions favorables au développement de l'agriculture. Les arguments alors soumis ressemblent, à peu de choses près, à ceux qui soutiennent la présente.»

«Or, à la présente, conclut la CPTAQ dans sa décision du 3 février 2010, l'argumentation voulant que les espaces situés hors de la zone agricole soient strictement réservés à l'habitation laisse entrevoir une volonté claire dans les orientations de développement de la Ville de ne pas installer la gare dans le milieu urbain qu'elle souhaite desservir.»

On estime qu'environ 200 résidants de Mirabel se rendent tous les jours aux gares de Blainville et Saint-Jérôme pour monter dans le train de banlieue vers Montréal. Avec une gare à Mirabel, la municipalité espérait au moins doubler le nombre des passagers quotidiens.