Les revendeurs de billets contesteront la loi québécoise visant à interdire la revente à un prix supérieur au prix d'origine.

La contestation pourrait aller jusqu'en cour puisqu'une entreprise a embauché l'avocat Julius Grey pour contrer le projet du gouvernement provincial.

Me Grey confirme avoir été embauché par l'entreprise montréalaise Quality Plus Tickets, qui achète et revend des billets de spectacles et de joutes sportives par internet. «Pour le moment, mon mandat est de faire des représentations auprès du gouvernement pour que la loi ne soit pas adoptée. Si elle l'est, j'aurai presque certainement un mandat pour la contester», dit l'avocat montréalais. Celui compte bien intervenir en commission parlementaire lorsque sera étudié le projet de loi 25 déposé début juin par le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier.

Pour Julius Grey, la loi est profondément «injuste puisqu'elle rend illégal la revente de billets». Or, l'avocat entend plaider qu'«il n'y a rien d'illégal et d'immoral dans la  revente». Ce dernier dit être en contact avec des avocats américains contestant eux aussi des lois limitant la revente aux États-Unis. Selon lui, la loi québécoise va toutefois plus loin encore que les autres législations adoptées en Amérique du Nord.

D'autres entreprises québécoises de revente devraient joindre sous peu Quality Plus Tickets dans sa contestation et le reste de l'industrie canadienne promet de les soutenir dans leur combat. «Nous allons prendre tous les moyens légaux pour contester la loi», assure Mario Livich, porte-parole de l'Association canadienne des courtiers de billets (ACCB).

Ce dernier dit parfaitement comprendre la frustration des consommateurs qui voient des billets revendus beaucoup plus cher que leur prix d'origine. Mais loin de régler ce problème, le projet de loi 25 ne fera que l'amplifier, selon lui. «Quand tu rends illégale la revente d'un produit ou d'un service, la revente ne disparaît pas pour autant. Elle se fait simplement sur le marché noir, ce qui fait mal aux consommateurs parce que les prix augmentent puisqu'il y a moins de compétition», dit Mario Livich.

L'ACCB maintient que ses membres revendent les billets à un prix équitable, assurant que 40% d'entre eux sont revendus moins cher qu'au prix d'origine.

Selon Mario Livich, la loi ne fera qu'avantager les revendeurs américains et ontariens qui profiteront de l'interdiction au Québec pour faire des affaires d'or dans la province grâce à internet. «Ces revendeurs étrangers font perdre d'importantes sources de revenus au gouvernement. Nos membres font payer les taxes et contribuent à l'économie locale», martèle-t-il.

Le Québec n'est pas la première province canadienne à serrer la vis aux revendeurs. L'Ontario a adopté en décembre 2010 le Ticket Speculation Act qui interdit de revendre un billet plus cher que le prix initial d'achat. La loi prévoit des amendes pouvant aller jusqu'à 5000$ pour les individus et 50 000$ pour les entreprises.