Pour comprendre comment la Colombie-Britannique est devenue le centre canadien de la culture de la marijuana, il faut remonter aux années 60 et à la guerre du Viêtnam, explique Ian Mulgrew, chroniqueur au Vancouver Sun et spécialiste des questions liées à la marijuana.

«Dans les années 60, la Colombie-Britannique était la Californie du Canada, explique-t-il. C'était un endroit très permissif, où la culture des communes et du laisser-faire était importante. Cela a attiré des dizaines de milliers de draft dodgers qui fuyaient la conscription américaine, et l'une des choses qu'ils pouvaient faire pour gagner de l'argent était de cultiver des champs de cannabis.»

À la fin des années 70, l'industrie s'est perfectionnée. La culture extérieure a fait place à la culture en serre, qui permet plusieurs récoltes annuelles et décuple les revenus potentiels.

L'émergence de la culture du haschich a aussi permis à la Colombie-Britannique d'être à l'avant-garde de l'utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques.

Santé Canada permet la vente de marijuana thérapeutique depuis 2001, mais de telles boutiques avaient ouvert leurs portes à la fin des années 90 à Vancouver.

On trouve aujourd'hui 20 points de distribution de marijuana thérapeutique dans la province, dont 10 à Vancouver. Sur West Broadway, les galeries d'art et les restos de sushis ont un nouveau voisin: Westcoast Medicann. La boutique épurée a des airs de boutique Apple, et les clients pourraient très bien être les mêmes que ceux qui recherchent le dernier iPhone ou iPad.

Confusion

Josh Lowry, gérant de la boutique à but non lucratif, reçoit des patients atteints du sida, du cancer ou qui souffrent de douleurs chroniques, que la marijuana peut atténuer.

Pour 100$, les clients potentiels de Westcoast Medicann consultent un naturopathe sur place, et ils obtiennent une ordonnance leur permettant d'acheter de la marijuana thérapeutique vendue entre 8$ et 10$, bien moins cher que sur le marché noir.

Pour Ian Mulgrew, la situation actuelle est encore embryonnaire. «Nous avons 2000 producteurs légaux qui cultivent de la marijuana thérapeutique en Colombie-Britannique, un nombre qui devrait passer à 10 000 d'ici les prochaines années», dit-il.

Certaines villes de la province ont choisi d'interdire les dispensaires sur leur territoire, ce qui crée une zone grise, dit-il. «Pour les forces policières, ça devient complexe de savoir qui est légal et qui ne l'est pas. Il y a beaucoup de confusion autour de cette question présentement.»

Josh Lowry dit que personne dans le voisinage ne s'est offusqué de l'arrivée d'un dispensaire de marijuana thérapeutique dans le quartier.

«Nous sommes ouverts depuis quatre mois, et n'avons eu aucune plainte, dit-il. Nous avons même invité les policiers, mais ils ne sont pas encore venus. Leur poste est pourtant à seulement trois pâtés de maisons d'ici.»