«Le Québec est la seule province à empêcher le recours aux mères porteuses. On est très arriérés avec nos principes d'église.»

Déterminée à agrandir sa famille, la jeune Québécoise qui parle ainsi s'est rendue dans un pays en voie de développement, où une femme a porté pour elle ses jumeaux, aujourd'hui âgés de 10 mois.

Dans ce pays, qu'elle ne veut pas nommer, les mères porteuses n'ont pas le loisir de changer d'idée et doivent remettre leurs bébés. Au Canada, il n'existe pas de garantie du genre, explique-t-elle.

Il reste que, hors Québec, avoir recours à une mère porteuse est beaucoup plus facile. En Alberta, en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve et au Labrador, la loi autorise officiellement cette pratique. Dans le reste du Canada anglais, les tribunaux s'en sont chargés.

L'écueil, pour plusieurs couples, c'est la difficulté de trouver une mère disposée à prêter son utérus sans être rémunérée, comme l'exige la loi fédérale. En Inde, au Panama ou au Mexique, des agences servent donc d'intermédiaire en échange de quelques dizaines de milliers de dollars. Dans certains États américains, la facture peut atteindre 200 000$.

Il ne faudrait pas que les riches Occidentaux en viennent à asservir les femmes pauvres en les confinant dans des usines à bébés, s'inquiète le professeur de droit Alain Roy.

En août 2009, la Cour du Québec a malgré tout permis à un couple gai d'adopter une petite fille portée par une Californienne, sous prétexte que la pratique était légale là-bas.

Il y a près d'un an, l'Australie a au contraire décidé d'imposer deux ans de prison et 110 000$ d'amende aux couples qui contournent la loi en allant à l'étranger.

En France, des jumelles nées d'une mère porteuse californienne, mais portant le bagage génétique de leurs parents français, ne peuvent obtenir la citoyenneté française. C'est ce qu'a décidé le plus haut tribunal du pays.

Contrairement à la France, le Royaume-Uni et la Grèce autorisent le recours aux mères porteuses. La Belgique et les Pays-Bas le tolèrent.

Le portrait est tout aussi contrasté aux États-Unis où une dizaine d'États l'autorisent alors qu'une dizaine d'autres l'interdisent ou le punissent carrément de sanctions pénales.