Sur les sites de petites annonces, une place sur deux offerte en milieu familial se trouve dans les quartiers centraux de Montréal. Afin de vérifier qui peut ouvrir une garderie privée dans la métropole, La Presse s'est informée des critères à remplir auprès du ministère de la Famille et des Aînés, de Revenu Québec et à l'hôtel de ville.

Notre équipe s'est présentée comme un ménage qui souhaitait ouvrir une garderie à la maison. Notre liste de questions était longue mais, chaque fois, on nous a expliqué qu'il est plutôt facile de diriger un milieu de garde non subventionné en milieu familial.

Au bureau montréalais du ministère de la Famille, on nous a d'abord expliqué que Québec n'impose aucune contrainte d'espace. Les municipalités sont libres de dicter des règles à ce sujet. En ville, un locataire ou un propriétaire peut garder jusqu'à neuf enfants dans un appartement, quelle qu'en soit la grandeur.

La Presse a constaté que dans des quartiers densément peuplés, comme Côte-des-Neiges, plusieurs locataires gardent six enfants dans un appartement dont l'unique pièce est transformée en salle de jeux.

«Les garderies, ce ne sont pas des règles écrites, a expliqué la préposée du ministère de la Famille à Montréal, jointe au téléphone. C'est seulement d'après le gros bon sens. Il n'y a pas de permis du Ministère à demander. Ensuite, il n'y a pas d'inspecteurs qui vont vérifier», explique-t-elle d'entrée de jeu, précisant au passage que «le gros bon sens» consiste à «ne pas servir de nourriture avariée» aux enfants.

Aucune règle stricte, donc. Pourtant, ces garderies, si elles remettent des reçus, permettent aux parents d'obtenir chaque mois du gouvernement un remboursement anticipé de leurs frais de garde.

Nous avons demandé à une préposée de Revenu Québec combien des parents peuvent s'attendre à recevoir si notre service de garde en milieu familial facture 25$ par jour.

Elle nous a expliqué que, pour un ménage à faible revenu, notre garderie pourrait être plus avantageuse qu'un milieu subventionné. «Ça va leur coûter 6,25$ par jour, en réalité», calcule-t-elle. Il nous suffit de remettre un formulaire aux parents.

«On ne s'en occupe pas»

À l'hôtel de ville de Montréal, après avoir posé plusieurs questions au comptoir des services aux citoyens, nous avons constaté que les garderies en milieu familial ne sont assujetties à aucune règle.

«Il n'y a pas de permis, il n'y a rien. On ne s'en occupe pas. En bas de neuf enfants, un certificat d'occupation n'est pas requis», nous a indiqué le préposé, qui nous a dirigés vers le ministère de la Famille.

La distinction entre les milieux familiaux privés et les milieux familiaux accrédités par un CPE (et encadrés par des normes) est complexe.

Les milieux familiaux visités par La Presse se présentent tous comme des «garderies», au même titre que les milieux subventionnés, et inscrivent en grosses lettres dans leur annonce que, avec le remboursement anticipé mensuel de Québec, les frais de garde sont désormais presque les mêmes.

L'évaluation de ces garderies en milieu familial revient donc uniquement aux parents.