Inquiets de l'avenir du français à Montréal, le Parti québécois et Québec Solidaire ont vivement réagi samedi à la publication, par l'Office québécois de la langue française (OQLF), d'études démontrant que les francophones pourraient devenir minoritaires dans la métropole d'ici 2031.

«Quand on apprend que 50% seulement des nouveaux arrivants adoptent le français, on est loin du 80% qu'on représente, a souligné le président du PQ, Raymond Archambault. Si on veut maintenir notre présence française au Québec, il faudrait que 80% des immigrants adoptent le français. À 50%, on est perdants. Ça, c'est dramatique.»

La chef péquiste Pauline Marois a fait valoir que «le PQ est le seul parti qui peut faire en sorte que le Québec et Montréal retrouvent leur fait français.» L'application de la loi 101 dans les cégeps, une mesure défendue par son parti, pourrait, croit-elle, améliorer la situation de la langue française.

La présidente et porte-parole de Québec Solidaire, Françoise David, s'est pour sa part dite particulièrement inquiète de la situation de la langue française dans les milieux de travail. «Il y a des gens à Montréal, mon collègue Amir Khadir en est un, qui parlent à la maison une autre langue que le français, a-t-elle remarqué lors d'un point de presse. Amir parle farsi à la maison et français partout ailleurs. Est-ce un problème? À mes yeux non.» Selon Mme David, la situation pourrait être critique si les chiffres démontraient qu'il n'y aurait plus que 20% des Montréalais qui parlent français à la maison.

Françoise David invite l'OQLF à réaliser des études sur la langue parlée au travail et dans les commerces. Elle réclame que l'Office dispose de plus de moyens financiers et que son mandat soit resserré pour lui permettre d'exercer une plus grande surveillance. Elle souhaite enfin que la loi 101 s'applique également aux entreprises de 25 employés et plus. Présentement, seules les entreprises de 50 employés et plus sont tenues de s'inscrire auprès de l'Office québécois de la langue française.

Enfin, Mme David a déploré que l'OQLF ait rendu publiques ces études un vendredi après-midi. «On a l'impression qu'ils souhaitent qu'on ne les voie pas et qu'on ne les commente pas, a-t-elle dénoncé. Je trouve ça assez lamentable quand il s'agit d'un sujet d'intérêt public de cette importance.»

Les cinq études publiées hier par l'OQLF prédisent que les allophones gagneront du terrain au cours des prochaines années dans la région de Montréal. En 2031, le poids démographique des francophones sur l'île de Montréal diminuerait à 47,4% et celui des anglophones à 23%, alors que celui des allophones augmenterait à 29,5%.