Une citoyenne de Québec, exaspérée du refus du gouvernement Charest de mettre sur pied une enquête publique sur l'industrie de la construction, a lancé vendredi une pétition en ligne.

Disponible sur le site de l'Assemblée nationale du Québec, la pétition est parrainée par le député de Québec Solidaire, Amir Khadir. Ayant pour titre «demande d'instituer une commission d'enquête publique sur la collusion et la corruption dans le domaine de la construction et sur le financement des partis politiques», la pétition soutient qu'il est urgent de mettre en place une telle enquête à la suite de la divulgation du rapport de l'Unité anticollusion et du témoignage, en commission parlementaire, de son directeur Jacques Duchesneau.

Rappelons qu'une première pétition, parrainée par le Parti québécois et signée par 42 000 personnes, avait été déposée à l'Assemblée nationale en février 2010. Mais, celle mise en ligne vendredi va plus loin et demande aux signataires de s'engager à «rapporter et dénoncer la corruption partout où on l'observe dans nos milieux de vie et de travail».

Nathaly Dufour, la citoyenne à l'origine de cette deuxième pétition, espère attirer davantage de signataires. «Au moment du dépôt de la première pétition, on n'avait pas le rapport Duchesneau, on n'avait pas les trois quarts des révélations qu'on a aujourd'hui», remarque cette auteur et ex-avocate qui se dit membre d'aucun parti politique. «C'est une initiative non partisane, assure-t-elle. Nous sommes au-delà de la partisanerie. Qu'on soit de gauche ou de droite, ça touche tout le monde.» Mme Dufour dit avoir contacté, en vain, le Parti québécois pour obtenir son appui.

Ayant d'abord lancé une pétition prônant la désobéissance civile, qui est toujours en ligne sur son blogue personnel, Nathaly Dufour a par la suite créé une pétition moins radicale qui serait recevable à l'Assemblée nationale.

Celle qui a assisté au témoignage de Jacques Duchesneau en commission parlementaire s'indigne du refus de Jean Charest de déclencher une enquête publique. «Ce sont des allégations tellement grosses, tellement importantes qu'on se croirait dans un roman de Kafka, déclare-t-elle. Qu'est-ce que ça prend de plus à Jean Charest pour qu'il déclenche une enquête?»

Nathaly Dufour se dit déçue de la réaction de la population. «Je ne comprends pas qu'on ne soit pas encore en plein automne québécois, dit-elle. Je suis inquiète. Les gens sont peut-être désabusés. Mais être désabusé, c'est la pire menace pour la démocratie.»

La pétition sera déposée à l'Assemblée nationale le 1er novembre. Lundi matin, plus de 15 455 personnes l'avaient signée.

Par ailleurs, le Mouvement du 24 septembre, créé à la suite du dépôt du rapport Duchesneau, prévoit tenir une seconde manifestation à Montréal, le 8 octobre prochain.