La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) s'est jointe hier à des universitaires, à des groupes écologistes et à des professionnels de la santé publique pour réclamer un «arrêt» de la construction de nouvelles autoroutes.

Dans une lettre adressée hier au ministre des Transports du Québec, Pierre Moreau, la FCCQ, la coalition Transit et l'Association pour la santé publique du Québec recommandent de «suspendre le développement de nouvelles infrastructures routières, à l'exception des chantiers en cours», pour donner la priorité aux transports en commun et à la réfection des infrastructures existantes (pont Champlain, échangeur Turcot, etc.).

Le gouvernement du Québec prévoit investir 16,9 milliards dans le réseau routier, au cours des cinq prochaines années. De ce total, 5,4 milliards doivent être consacrés à des projets de prolongement d'autoroute ou d'amélioration du réseau routier.

Au cours de la même période, le MTQ a prévu investir 2,9 milliards dans la mise en valeur et le maintien des services de transports collectifs au Québec.

«Dans le contexte financier actuel, estiment les signataires de cette lettre, nous considérons aujourd'hui difficilement justifiable la poursuite de ces investissements massifs dans le développement de nouvelles infrastructures autoroutières.»

Selon le directeur général de Vivre en ville et porte-parole de Transit, Christian Savard, un moratoire immédiat sur le développement autoroutier n'entraînerait pas d'économies substantielles cette année ou l'an prochain, en raison du grand nombre de chantiers très avancés (comme l'autoroute 30 ou la route 175, au Saguenay) qui ne peuvent plus être arrêtés.

Mais à moyen terme, affirme-t-il, des projets qui ne sont toujours pas en chantier, comme celui du prolongement de l'autoroute 19 entre Laval et Bois-des-Filion, par exemple, «pourraient encore être ralentis ou reportés» afin de consacrer les budgets prévus à d'autres priorités.

«C'est sûr que des gens vont être mécontents de notre position, dit la présidente de la FCCQ, Françoise Bertrand. Mais il faut avoir le courage de se dire les choses comme elles sont: on peut les construire, ces autoroutes. Mais en retour, est-ce qu'on va faire attendre le projet Turcot pendant deux ans?»

Choix douloureux

«Les finances publiques ne peuvent pas indéfiniment absorber le coût de l'ensemble de nos projets, ajoute-t-elle. Ils sont tous très importants, mais il va falloir choisir. Le moratoire, on le voit comme une pause. Est-ce qu'on peut faire un arrêt pour réexaminer notre situation, et se rendre compte que pendant qu'on fait de l'asphalte, on n'a plus les moyens qu'on avait, compte tenu des autres choix que nous avons faits, comme l'assurance parentale ou les garderies à 7$?»

Transit estime pour sa part qu'en retranchant 55% des budgets prévus par le MTQ pour l'expansion et l'amélioration du réseau routier, dans les cinq prochaines années, «on pourrait dégager une marge de manoeuvre estimée à 3 milliards pour financier des projets de transports collectifs et la réfection d'infrastructures essentielles comme l'échangeur Turcot ou le pont Mercier».

Transit est un regroupement de plus de 40 organismes qui militent en faveur d'un meilleur financement des transports collectifs. Il est composé de groupes écologistes, d'universitaires et d'une multitude d'organismes actifs dans la mise en valeur et la promotion des solutions de remplacement à l'automobile (vélo, covoiturage, transports en commun, etc.).