Les Forces canadiennes ont acheté près de 1,5 million de condoms pour leurs soldats depuis cinq ans. Une pratique qui date de la Première Guerre mondiale, mais dont le coût est toujours assumé par les contribuables.

Chaque année depuis 2006, les Forces armées ont acheté entre 250 000 et 300 000 préservatifs, révèlent des chiffres obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. À 12 cents l'unité, l'armée a donc dépensé 177 686$ pour prévenir les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) dans ses rangs.

En entrevue avec La Presse, le lieutenant-colonel James Anderson, chef du service des maladies contagieuses des Forces armées canadiennes, a expliqué qu'il coûtait moins cher d'investir cette somme que d'avoir à traiter des maladies infectieuses et de perdre des effectifs.

L'ITSS la plus répandue au sein de l'armée est la chlamydia, affirme le lieutenant-colonel Anderson. Comme dans la population civile, cette maladie est surtout répandue chez les 18 à 29 ans, dit-il. En 2009, l'armée canadienne a recensé 9 cas sur 1000 chez la population masculine de 18 à 29 ans. Au Canada, cette statistique est sensiblement la même, soit 6 cas sur 1000.

Le lieutenant-colonel Anderson croit toutefois qu'en réalité, le nombre de cas de chlamydia est probablement moins élevé dans l'armée que dans l'ensemble de la population, puisque les soldats sont obligés d'être testés tous les cinq ans et avant chaque déploiement et que bon nombre de Canadiens n'ont pas de médecin de famille. La chlamydia étant une maladie souvent sans symptômes, un test est la plupart du temps la seule manière de la détecter. Le «Pap test» est également offert chaque année aux femmes, mais elles ne sont pas obligées de le faire.

«En tout, nous avons eu 264 cas de chlamydia en 2009», résume M. Anderson.

La tradition de fournir des préservatifs aux soldats remonte à la Première Guerre mondiale, affirme-t-il. La pratique est ininterrompue depuis au moins 30 ans. Des formations sur les ITSS sont également offertes dans le cadre d'une séance d'information santé dès le recrutement des soldats et avant de partir en mission.

Les soldats peuvent se procurer gratuitement des condoms dans les pharmacies et cliniques de santé dans les bases armées à l'étranger, même si les militaires n'ont parfois pas le droit d'avoir des rapports sexuels lorsqu'ils sont déployés. Les règlements des Forces armées canadiennes stipulent qu'en cas de déploiement, un soldat n'a pas le droit d'avoir des rapports intimes avec un supérieur, quelqu'un considéré comme un «ennemi», un membre d'une force alliée ou une personne qui vit dans la communauté où les soldats sont déployés.

Les rapports sexuels ne sont pas proprement interdits entre les membres des Forces, a expliqué en entrevue le colonel Pierre Bérubé, directeur politiques et griefs, carrières militaires, qui rappelle que plusieurs soldats sont mariés avec d'autres soldats. Les couples ne peuvent toutefois pas être dans la même unité de combat, mais peuvent par exemple être déployés à la même base militaire.

Les responsables des missions à l'étranger doivent adopter un règlement propre pour chaque mission ou sous-groupe de combat, ce qui est généralement fait. Les membres d'une même chaîne de commandement ou les personnes qui ont un lien d'autorité dans une chaîne de commandement sont tenus d'avertir les Forces armées, sans quoi ils peuvent être accusés devant la cour martiale.

Le brigadier-général Daniel Ménard, ancien commandant des Forces canadiennes en Afghanistan, a perdu son poste l'an dernier après avoir eu une liaison amoureuse avec une militaire qui se trouvait sous ses ordres.

- Avec William Leclerc