Mort par surdose, agressions sexuelles, incendie, arrestations multiples: une série d'incidents a ébranlé le mouvement Occupy Wall Street, au point où plusieurs villes ont décidé d'évincer les «indignés». À Montréal, c'est toutefois l'arrivée du froid qui pourrait inciter la Ville à demander le démantèlement du campement du square Victoria.

Samedi après-midi, une jeune femme dans la vingtaine a été retrouvée morte dans une tente du campement d'Occupy Vancouver, probablement victime d'une surdose. Ce premier décès chez les indignés survient deux jours après qu'un autre toxicomane eut été sauvé in extremis. Mécontent, le maire Gregor Robertson a demandé à ses policiers et pompiers de trouver la meilleure façon d'expulser les occupants.

La capitale de la Colombie-Britannique, Victoria, a suivi l'exemple et lancé dimanche un ultimatum aux «indignés» occupant le Centennial Square. Sous prétexte de vouloir installer les décorations de Noël, la Ville leur donne jusqu'à ce midi pour lever le camp.

Après avoir confisqué tout le bois et le carburant qu'utilisaient les militants pour se chauffer, Québec a elle aussi donné jusqu'à lundi aux militants pour démanteler l'essentiel de leurs installations. Après un début d'incendie mardi dernier, l'administration de Régis Labeaume demande le retrait de toutes les bâches et toiles inflammables du jardin Saint-Roch, occupé depuis le 22 octobre.

Aux États-Unis aussi, la pression s'accentue pour mettre fin à l'occupation des centres-villes. Plusieurs militants de New York, où le mouvement a pris naissance le 17 septembre, craignent d'être évincés du parc Zuccotti depuis une sordide histoire d'agressions sexuelles. Un homme de 26 ans a été arrêté mardi après avoir agressé deux jeunes femmes de 17 et 18 ans. Un autre incident serait survenu au campement de Dallas où un homme de 24 ans a été arrêté après avoir eu une relation sexuelle avec une fugueuse de 14 ans.

En parallèle, les policiers ont procédé à plusieurs arrestations cette fin de semaine après des affrontements avec les manifestants, dont 20 à New York. Samedi soir, 20 autres «indignés» ont été arrêtés à Atlanta après avoir été évincés du parc où ils tentaient d'ériger un nouveau camp, le premier ayant été démantelé voilà un mois. À Washington, trois «indignés» ont également été blessés vendredi quand une voiture a foncé dans un groupe de militants qui se trouvait dans la rue.

Tolérance à Montréal

Outre l'expulsion de personnes fortement intoxiquées et d'une violente dispute conjugale, aucun incident majeur n'est venu perturber l'occupation du square Victoria, à Montréal. Des rumeurs ont circulé comme quoi il y aurait eu une tentative de viol dans le campement, mais personne ne s'est officiellement plaint, indique l'une des personnes mandatées pour surveiller le camp.

Les «indignés» montréalais ont en effet mis sur pied une équipe médicale, en plus de désigner des gardes. De 10 à 15 militants patrouillent dans le campement en tout temps, munis de radios. «C'est la nuit que ça brasse», dit l'un d'eux, Mike Lux. Récemment, on a vu un homme armé d'un bâton de golf frapper les tentes au hasard pour en chasser les occupants.

Malgré les incidents survenus dans plusieurs villes, Montréal a confirmé dimanche maintenir sa politique de tolérance relativement à l'occupation du square Victoria qui dure depuis trois semaines. Un porte-parole de la Ville, Gonzalo Nunez, a indiqué que les militants ont toujours respecté les demandes pour améliorer la sécurité du camp et qu'aucun incident majeur n'y a été rapporté. Il précise toutefois que la position de Montréal relativement aux «indignés» est réévaluée quotidiennement.

Au-delà des problèmes de sécurité, la Ville se dit de plus en plus préoccupée par l'arrivée de l'hiver. «On surveille ça de très près pour voir comment on pourra continuer à assurer la sécurité des occupants sur le site à l'approche du temps froid. On n'est pas rendu à leur demander de partir, mais on est au stade où c'est une préoccupation sérieuse.»

Conscients que l'hiver représente le principal obstacle à la survie du mouvement, les «indignés» ont commencé à isoler leurs 226 tentes, en les surélevant sur des palettes de bois et en ajoutant de la laine minérale.

Plusieurs sympathisants à la cause apportent vêtements chauds, nourriture et argent. Certains organisateurs affirment que le camp reçoit plus de 500 $ en dons par jour, ce qui permet de payer pour le carburant des génératrices. Professeur dans un cégep, Marc-Yvan Poitras est venu avec ses trois filles livrer des sacs remplis de pain. «Je voulais montrer à mes filles que militer, c'est plus que cliquer "J'aime" sur Facebook.»

- Avec AFP, AP, PC