Le président de la FTQ, Michel Arsenault, se dit victime d'un coup monté par les gens qui font circuler des extraits de conversations d'actuels et anciens dirigeants de la FTQ-Construction où est évoquée une tentative de corruption à son endroit.

«C'est une histoire montée, un frame up éhonté!» a-t-il lancé ce matin en entrevue avec l'animateur Paul Arcand, du 98,5 FM.

La Presse a révélé jeudi que l'escouade Marteau mène depuis plusieurs mois une enquête après avoir reçu les enregistrements en question. Les conversations traitent d'une rencontre qui a eu lieu en 2008 entre Michel Arsenault, qui est aussi président du conseil d'administration du Fonds de solidarité FTQ, et les émissaires de l'entreprise Carboneutre.

L'entreprise de décontamination de l'est de Montréal est dirigée par des membres de la famille Arcuri. Le principal dirigeant, Domenic Arcuri, est considéré par la police comme un joueur clé de la mafia à Montréal.

Déclarations assermentées

Au moins un des enregistrements, auxquels La Presse a eu accès, laisse entendre qu'en 2010, Bernard Girard, vice-président de l'exécutif de la FTQ-Construction, et Jean Lavallée, un ex-dirigeant du même syndicat, auraient rédigé de faux témoignages sous serment pour nier une tentative de corruption de M. Arsenault par des dirigeants de Carboneutre. Les enregistrements parlent de 300 000 $ qui auraient été offerts pour aider à l'acceptation du dossier.

Radio-Canada a renchéri sur le même sujet hier soir, en diffusant pour la première fois une vieille entrevue du syndicaliste Ken Pereira où celui-ci disait avoir assisté à une rencontre au sujet de cette tentative de verser un pot-de-vin.

«C'est jamais arrivé. Jamais arrivé!» a réagi Michel Arsenault à la radio.

Ce dernier admet avoir rencontré les dirigeants de Carboneutre, y compris Domenico Arcuri, à la demande de Jocelyn Dupuis, qui était alors directeur général de la FTQ-Construction. Arcuri et ses partenaires souhaitaient bénéficier des investissements du Fonds de solidarité pour bâtir des usines pilotes partout au Québec et éventuellement aux États-Unis.

Mais après analyse, le Fonds avait décidé de ne pas investir dans le projet.

«On devrait être félicités! Ça prouve que notre système fonctionne. On n'en veut pas des gens du crime organisé et on va tout faire pour ne pas en avoir», a déclaré M. Arsenault.

«Journalistes véreux»

Celui-ci ne cache pas qu'il est furieux contre le traitement de cette affaire par les médias. Il estime que des gens tentent de l'associer par la bande au crime organisé et souligne qu'il y avait d'autres témoins avec lui lorsqu'il a rencontré Arcuri.

«Je n'ai jamais rencontré Domenico Arcuri ou quiconque du crime organisé tout seul de toute ma vie. Je ne connais personne de la famille Rizzuto», a-t-il dit.

«Les calomnies dont font l'objet la FTQ, le Fonds de solidarité et leurs dirigeants doivent être dénoncés pour ce qu'elles sont : une tentative honteuse de salir leur réputation et de les discréditer publiquement. Tant à la FTQ qu'au Fonds de solidarité, les équipes juridiques sont à l'oeuvre afin de faire cesser ces affirmations mensongères», a déclaré la centrale syndicale dans un communiqué.

Hier soir, lors d'un événement en présence de gens d'affaires, M. Arsenault s'est était déjà pris aux journalistes qui ont enquêté sur cette affaire.

«Il n'y a pas un journaliste véreux qui va être capable de passer à travers nous autres!», a-t-il lancé.

«Vous nous connaissez, vous savez qu'on n'est pas des mafieux», a-t-il dit aux invités, avant de demander un peu d'aide.

«Je vous demande d'avoir un bon mot pour le Fonds de solidarité. Il me semble que ça nous ferait du bien que la communauté des affaires ait un bon mot pour nous autres de temps en temps. Il me semble que je ne l'entends pas souvent», a-t-il affirmé.

- Avec la collaboration de Fabrice de Pierrebourg