Les Québécois sont partagés sur l'obligation d'utiliser le français à tout prix dans le milieu du travail, indique un sondage Angus Reid commandé par La Presse.

Quelque 45% jugent que le français devrait être, sans exception, la langue obligatoire dans le milieu du travail, tandis que 41% sont ouverts à certaines exceptions. Les autres répondants sont indécis ou privilégient l'anglais.

Le sondage a été mené du 29 novembre au 1er décembre auprès de 880 francophones et 122 anglophones du Québec, dont environ la moitié vit dans la région de Montréal. La période couverte par le sondage suivait de quelques jours les nouvelles publiées par La Presse sur les deux cadres unilingues de la Caisse de dépôt et les problèmes de langue dans certaines divisions de la Banque Nationale.

Unilinguisme

Selon le sondage, un Québécois francophone sur cinq (21%) dit compter des anglophones unilingues parmi ses collègues ou ses supérieurs. Cette proportion grimpe à 27% dans la région de Montréal.

Les reportages de La Presse, au cours des derniers jours, ont fait ressortir que l'obligation d'utiliser l'anglais est relativement répandue dans les secteurs informatique, aéronautique et financier.

Cette obligation ne semble pas être présente partout. Selon le sondage, 13% des francophones disent devoir s'exprimer très ou assez souvent en anglais avec leurs collègues ou leurs supérieurs au travail, tandis que 11% disent avoir à le faire assez souvent et 76% jamais ou rarement. À Montréal, la proportion de francophones qui s'expriment rarement ou jamais en anglais chute à 66%.

Pour 4 Québécois francophones sur 10, la méconnaissance de l'anglais est un frein qui les empêche de poser leur candidature à certains postes. Quelque 15% disent avoir été privés d'un avancement pour cette raison. De plus, 56% affirment vouloir améliorer leur anglais parce que cela les aidera à mieux réussir, tandis que 13% se sentent forcés de le faire et 14% disent n'avoir aucun intérêt à apprendre l'anglais. 

Les Québécois sont partagés sur l'efficacité de la loi 101. Quelque 48% croient que cette loi protège très ou assez bien les intérêts des francophones, tandis que 41% croient le contraire. 

Sans surprise, c'est le Parti québécois (PQ) qui est perçu comme le plus apte à protéger la langue française (61%), contre 17% pour la Coalition avenir Québec (CAQ), 8% pour Québec solidaire, 8% pour le Parti libéral et 6% pour l'Action démocratique du Québec (ADQ). À l'inverse, c'est le Parti libéral qui est jugé le plus apte à protéger la langue anglaise (80%), les autres partis se partageant le reste des réponses. 

Les résultats pour les anglophones sont moins significatifs statistiquement, étant donné le faible nombre d'interviewés (122). Notons tout de même que 25% d'entre eux disent avoir été privés d'un avancement en raison de leur méconnaissance du français. En outre, plus de 6 anglophones sur 10 se disent disposés à améliorer leur français pour mieux réussir, 17% se sentent forcés de le faire et 13% disent n'avoir aucun intérêt à parfaire leur français.