À en croire les autorités mexicaines, Cynthia Vanier est la tête dirigeante d'un réseau criminel d'envergure internationale soupçonné d'avoir comploté pour faire passer clandestinement Saadi Kadhafi et sa famille au Mexique.

Ceux qui connaissent cette autochtone ontarienne spécialisée dans la médiation de conflits ont du mal à y croire.

«Elle aime aider les gens. C'est une femme au coeur d'or, qui fait toujours passer les autres avant elle. Elle ne mérite pas ce qui lui arrive», dit Gary Peters, qui a été son garde du corps lors d'une mission d'observation en Libye.

Mme Vanier est détenue depuis le 10 novembre avec trois présumées complices - deux Mexicains et un Danois. Selon le ministre mexicain de l'Intérieur, Alejandro Poiré, elle aurait été le point de contact direct de Saadi Kadhafi, responsable du financement des opérations.

Mme Vanier nie toute implication dans ce complot. Selon son avocat, Paul Copeland, son expérience libyenne se limite à la mission d'observation que lui a confiée SNC-Lavalin en juillet.

Mais Gary Peters affirme que Mme Vanier et lui ont bien étudié la possibilité de faire passer le troisième fils de Mouammar Kadhafi au Mexique. «Le plan remonte au mois de juin. Nous avons travaillé pour obtenir des documents légaux pour la famille. Mais nous avons fini par y renoncer.»

M. Peters avait offert 1000$ par jour à ceux qui seraient prêts à se joindre à l'équipe qui ferait passer Saadi Kadhafi, sa femme et ses enfants hors de la Libye.

Selon M. Peters, le plan a avorté. Saadi Kadhafi est visé par des sanctions de l'ONU; il lui est interdit de voyager et ses avoirs ont été gelés partout dans le monde. On l'accuse d'avoir réprimé la rébellion dans la violence. Interpol a lancé un mandat d'arrêt contre lui le 29 septembre.

Selon les autorités mexicaines, Mme Vanier et ses complices présumés ont ouvert des comptes bancaires et acquis plusieurs propriétés, dont une luxueuse villa près de Puerto Vallarta, sur la côte pacifique. Ils voulaient faire entrer les Kadhafi sous de faux noms, grâce à de faux papiers mexicains.

Aujourd'hui, les présumés comploteurs croupissent dans des cellules mexicaines, en «détention préventive». Mexico les soupçonne de blanchiment d'argent et de trafic humain, bien qu'ils ne soient encore accusés de rien.

Quoi qu'il en soit, difficile de réconcilier l'image de la conspiratrice avec celle de la médiatrice ayant oeuvré auprès de plusieurs communautés autochtones, y compris celle de la réserve d'Attawapiskat, en 2009. «Elle faisait du très bon travail, se rappelle James Kada, directeur de l'exploitation de Mississauga First Nation. Toute cette affaire est bien difficile à comprendre.»