Les forces spéciales du Canada se tournent vers le secteur privé afin qu'il les prévienne de toute éventuelle menace de terrorisme en provenance de la mer.

L'organisation ultrasecrète compte tirer profit d'un contrat de surveillance et d'application des règlements de pêche accordé à Provincial Airlines, filiale de Provincial Aerospace, à Saint-Jean de Terre-Neuve-et-Labrador, afin d'avoir à l'oeil les mouvements des bâtiments jugés d'un intérêt particulier, au large de des côtes canadiennes.

Dans une note d'information préparée à l'intention de l'ancien commandant des forces d'élite, il est expliqué que le gouvernement compte de nombreux appareils, incluant des hélicoptères militaires et de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) utilisés en cas d'urgence au sol, mais que les «options sont considérablement réduites» lorsqu'il est question de menaces maritimes.

Les militaires utilisent principalement des appareils de type CP-140 Aurora dans le cadre de leurs missions de surveillance, mais l'avenir de ces avions qui datent d'une trentaine d'années demeure couronné d'un point d'interrogation, malgré les récentes modifications apportées à leur système électronique.

D'éventuelles améliorations supplémentaires à ces quadrimoteurs sont matière à débat, selon des sources au sein du ministère fédéral de la Défense nationale.

Le ministère des Pêches et Océans confie ses tâches de surveillance au secteur privé du transport aérien, et les militaires financent déjà en partie cette entente, payant pour des heures de vol d'appareils Super King Air 200 basés à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, Halifax, en Nouvelle-Écosse, et Comox, en Colombie-Britannique.

Provincial Airlines «pourrait combler le vide à un coût minimal» pour le commandement des forces spéciales, peut-on lire dans la note datée du 8 juillet 2010, préparée pour le brigadier-général Mike Day, qui assume aujourd'hui un poste de commandement au sein des troupes assurant la formation de l'armée afghane.

Les forces spéciales, largement indépendantes de l'armée régulière, ont depuis fait appel aux services du secteur privé à au moins deux reprises, dans chaque cas pour des missions de formation.

Cela reflète une tendance croissante dans les Forces canadiennes. L'aviation a loué des véhicules aériens sans pilote dans le cadre de la mission afghane et a confié à une partie extérieure l'entretien à long terme de certains de ses nouveaux appareils.

L'actuel commandant des forces spéciales, le brigadier-général Denis Thompson, a assuré que le recours au secteur privé n'avait rien de préoccupant en ce qui a trait à la sécurité. Il a ajouté que son expertise était utile.

«Il s'agit de la plus complexe des opérations quand on y pense», a-t-il affirmé lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne.