Le gouvernement canadien conseille à ses citoyens d'éviter certaines régions du Mexique en raison du niveau de violence élevé, mais refuse d'octroyer l'asile à de nombreux ressortissants mexicains qui fuient le pays pour cette raison. Quelques dizaines de manifestants se sont rassemblées devant les bureaux de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, dimanche, à Montréal, pour dénoncer cette «contradiction». Ils demandent à Ottawa de régulariser le statut de tous les Mexicains établis au Québec qui n'ont pas de papiers.

«Nous dénonçons la double morale du gouvernement du Canada», a expliqué Oscar Carrillo, organisateur pour le groupe Mexicains unis pour la Régularisation (MUR). «D'un côté, il dit à ses citoyens de ne pas aller au Mexique parce que c'est dangereux pour les touristes, mais de l'autre, il refuse environ 9 fois sur 10 les demandes de résidence permanente et déporte la plupart des demandeurs d'asile au Mexique, et ce, malgré des conditions d'extrême violence.»

M. Carrillo a indiqué que la guerre aux narcotrafiquants a fait environ 50 000 morts depuis cinq ans. Pris entre l'armée et les cartels de la drogue, plusieurs Mexicains souhaitent trouver refuge au Canada.

«C'est comme si le gouvernement canadien prétendait qu'on s'invente des histoires pour immigrer au Canada alors qu'au Mexique il y a d'énormes problèmes de violence, de non-respect des droits humains et de pauvreté», a déploré Viviana Medina, Montréalaise d'origine mexicaine qui a bravé le froid pour participer à la manifestation. «Nous ne sommes pas des menteurs. Il y a des vies qui sont réellement en danger.»

Luis Angel Hernandez Czefirin est arrivé au Canada il y a quelques années pour fuir la violence qui sévit dans sa région natale, Véra Cruz. Il a demandé l'asile, mais le gouvernement veut le déporter. Il conteste présentement son renvoi devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada. «Je veux travailler, je veux étudier, mais c'est impossible si mon statut n'est pas régularisé. J'aime ma vie ici, mais c'est difficile de ne pas savoir à quoi s'en tenir. J'ai peur de mourir si je retourne au Mexique», a-t-il confié en marge de la manifestation.

Les effets du visa

En 2008, les ressortissants du Mexique avaient soumis environ 9400 demandes d'asile, soit 25% des demandes de l'ensemble des pays étrangers. Seulement 11% des demandes ont été jugées recevables.

Entre 2005 et 2009, les demandes d'asile de la part de Mexicains ont triplé, selon des documents que La Presse a obtenus en vertu de la loi sur l'accès à l'information en 2010.

Afin de freiner cette hausse, le gouvernement Harper a décidé, en 2009, d'imposer un visa aux Mexicains qui veulent séjourner au Canada. Cette mesure n'a pas tardé à se faire ressentir. Par exemple, le Canada est passé de 5323 à 86 demandes pour des périodes de six mois avant et après l'imposition du visa.