Les douaniers canadiens sont de plus en plus préoccupés par l'immigration illégale et souhaitent contribuer à assurer l'intégrité de la frontière, au lieu de se fier uniquement à la Gendarmerie royale du Canada.

«On souhaite que nos agents patrouillent aussi autour des postes frontaliers. Ils sont maintenant armés, formés, et nous avons un parc de véhicules. Il ne manque qu'une volonté politique», explique le président du syndicat national des douanes et de l'immigration du Canada, Jean-Pierre Fortin.

Selon lui, de 80 à 85% des 4800 agents des Services frontaliers seraient d'accord pour patrouiller à la frontière, de concert avec la GRC. «On a suivi le plan de cours de la GRC, c'est selon moi le prochain pas à franchir. De plus, on est bien implantés dans nos communautés, puisque la plupart de nos agents habitent près de leur lieu de travail», souligne M. Fortin.

Élargir la patrouille

À l'heure actuelle, 1800 agents frontaliers sont armés. D'ici à 2016, le gouvernement prévoit armer 4800 douaniers. «On deviendra alors la troisième force armée du pays, après la Défense nationale et la GRC», note Jean-Pierre Fortin.

Sans vouloir déclencher une guerre de clocher, M. Fortin ne sent pas un appétit de la GRC ni une grande volonté politique pour instaurer les patrouilles à la frontière. Un des problèmes, selon le chef syndical, est notamment d'avoir claironné haut et fort qu'un tronçon bien précis de la frontière est ciblé dans le cadre du projet Concept. «On devrait être plus imprévisibles et efficaces. Pourquoi patrouiller dans une petite fraction et pas dans le pays au complet?», s'interroge M. Fortin.

Selon lui, il faut collaborer plus étroitement avec les Américains. «L'immigration illégale est de plus en plus préoccupante, surtout depuis que le gouvernement Harper a resserré les règles pour faire entrer les nouveaux arrivants», constate M. Fortin. «Il faudrait avoir une présence partout. Je suis conscient qu'on ne va pas embaucher 5000 personnes dans le contexte économique actuel, mais c'est faisable à des coûts raisonnables», croit-il.

Les Américains se réjouissent

Les autorités américaines se réjouissent de voir enfin des policiers canadiens patrouiller à la frontière. «Nous avons une très bonne collaboration avec la GRC, on est très contents de leur soutien», dit Mark Henry, porte-parole des douanes américaines pour la région de Swanton, dans l'État de New York.

Les patrouilles frontalières de cet État couvrent un territoire beaucoup plus vaste (480 kilomètres) et les effectifs seraient nettement plus nombreux qu'au Canada, au moins cinq fois plus selon nos informations. «On en a un nombre considérable, mais on ne peut pas vous dire combien. On a aussi des motoneiges, des bateaux, des avions, des capteurs de mouvements et des services de renseignements», ajoute M. Henry.

Selon lui, les immigrés illégaux sont plus nombreux à traverser le Canada vers les États-Unis. Les autorités de l'État de New York en interceptent annuellement plus de 1000, sans compter les saisies de stupéfiants. «On a arrêté des gens qui proviennent d'une centaine de pays et qui font partie de toutes sortes de groupes criminels», résume-t-il.