Les aliments importés de Chine sont-ils aussi sûrs que les aliments canadiens? Le Syndicat de l'agriculture, qui représente les 7000 employés de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), estime que non. Il craint que la situation empire si les craintes de coupes budgétaires de 10% se concrétisent dans le prochain budget fédéral.

«C'est sûr qu'il manque d'inspection: on inspecte à peine 2% des produits importés au Canada, a dit hier Raphaël Tarasco, troisième vice-président directeur du Syndicat de l'agriculture. Pourtant, on sait que les normes de la Chine sont différentes de celles du Canada.»

Des inspecteurs canadiens visitent les usines américaines et européennes qui exportent chez nous, «ce qu'on ne fait pas en Chine», a indique M. Tarasco. «Donc, est-ce qu'on peut s'assurer que les produits qu'on importe au Canada sont conformes? Je ne peux pas l'assurer. Et comme on va probablement faire face à des coupes de 10%, il n'y aura pas d'amélioration.»

Samedi, La Presse a publié un dossier sur les importations agroalimentaires de Chine, qui ont quadruplé au Québec depuis 10 ans. On y voyait des baies de goji biologiques, importées par l'entreprise québécoise Prana. «Ayant habité cinq ans en Asie, je suis la première à douter des produits chinois, réagit Marie-Josée Richer, propriétaire de Prana. Nous testons nos produits ici, au Canada, pour nous assurer de la véracité des papiers du fournisseur et de l'intégrité, la salubrité et la qualité des baies de goji.»

Les gens «sont prêts à crier sur les toits que les produits de Chine sont de mauvaise qualité», mais refusent de payer pour cette qualité, regrette Mme Richer. La preuve: Prana offre des graines de citrouille importées de Chine et d'Autriche. La différence? Celles de l'Autriche «sont légèrement plus chères, mais combien plus savoureuses», explique la propriétaire. Mais ce sont celles de Chine qui sont achetées «en majorité».

Déclaration obligatoire réclamée

Dans d'autres cas, le consommateur ne sait pas qu'il achète un produit chinois, puisque ce n'est pas écrit sur l'étiquette. Cela doit changer, selon l'Union des producteurs agricoles (UPA). «Il faut que la provenance soit indiquée sur tous les aliments, ou pour les deux ou trois principaux ingrédients d'un aliment, suggère Marcel Groleau, président de l'UPA. Tous les consommateurs veulent savoir d'où proviennent les aliments qui leur sont offerts, et c'est légitime.»

M. Groleau s'est rendu deux fois en Chine. «Sans vouloir généraliser, ce que j'ai vu là-bas ne m'a pas rassuré au point de vue de l'alimentation», souligne-t-il. La solution? «On aurait besoin d'un gouvernement mondial pour gérer les questions environnementales et alimentaires, a avancé le président de l'UPA. Les Chinois ont un avantage sur les Canadiens, parce que les mesures sociales et environnementales ne sont pas les nôtres.»

Le Québec a importé des aliments de Chine d'une valeur de 169 millions en 2010. «C'est une bagatelle», souligne Michel Morisset, professeur au département d'économie agroalimentaire à l'Université Laval. L'expert veut rassurer les Québécois sur la présence grandissante des produits chinois dans leur assiette. «La valeur produite par l'industrie agroalimentaire au Québec, c'est 23 milliards, observe-t-il. Donc 169 millions, c'est moins de 1%.»