Les policiers ont joué de la matraque, des poings et du poivre de Cayenne lors d'une manifestation qui s'était pourtant amorcée dans le calme, ce jeudi matin.Une manifestation contre les hausses de tarifs dans les services publics qui s'annonçait calme a été réprimée à coups de matraques et de gaz poivre, hier, dans le quartier des affaires de Montréal.

Bilan: quatre arrestations pour entrave au travail des policiers, et une cause éclipsée par ces dérapages.

Vers 8h, des centaines de membres de la Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics, qui regroupe des étudiants en grève, des syndicats et des organismes communautaires, ont encerclé la tour de la Bourse, où se trouvent les bureaux des ministères des Finances et de la Solidarité sociale.

Mais pour complètement boucler la Bourse, il fallait aussi fermer l'entrée de l'hôtel Delta, qui communique avec la tour de l'intérieur.

C'est à ce moment que les ennuis ont commencé. Des clients de l'hôtel en colère ont pris à partie les manifestants. Un homme de 75 ans qui voulait récupérer ses médicaments dans sa chambre s'est copieusement fait rabrouer. Un employé du Delta l'a défendu et une échauffourée a éclaté. Des manifestants s'en sont même pris à des représentants des médias.

Les policiers ont ensuite expulsé de façon musclée les manifestants du terrain de l'hôtel Delta. Les agents n'ont pas lésiné sur les coups de matraque et le gaz poivre pour repousser les plus récalcitrants.

«La police nous a repoussés avec le poivre, et il n'y avait aucune violence, je ne comprends pas», déplore Julien, membre de la Coalition, qui a reçu un bon jet de gaz au visage.

Porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante, Jeanne Reynolds croit que malgré le grabuge déplorable et incontrôlable, les messages portés par les manifestants au sujet des hausses des droits de scolarité, des tarifs d'Hydro-Québec et de l'imposition de la taxe santé ont bien passé.

Réactions à Québec

À Québec, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a affirmé que ces groupes «ont le droit de manifester», mais qu'«ils n'ont pas le droit d'empêcher les autres de travailler». «Bloquer le centre-ville, c'est inacceptable dans une société», a-t-il lancé.

Il a défendu la hausse des droits de scolarité en affirmant qu'un diplômé universitaire gagnera beaucoup plus dans sa carrière qu'un travailleur qui a un diplôme d'études secondaires. Il est normal qu'un étudiant paie «une juste part» des coûts de son éducation, a-t-il ajouté.

- Avec Tommy Chouinard

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Les membres de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, dont font partie quelque 140 groupes communautaires, syndicaux, féministes, étudiants et écologistes, bloquent l'accès au Centre de commerce mondial de Montréal.